UN CERTAIN AVENIR


Se peut-il que l'homme au fort de sa déraison
Sévisse en dévastant la Terre, sa maison,
Tour à tour fin penseur ou démiurge louche,
Du démon le suppôt ou cet ange farouche,
Rayonnant le matin, mais que le soir éteint,
Géant par la pensée ou boutiquier mesquin ?
Et que, de quelque foi levant le tranchant glaive,
Le vice triomphant sa dîme abjecte lève ?

Qu'on porte son regard du levant au ponant,
Partout on n'aperçoit que théâtre sanglant :
Ici se donne vie et là coup fratricide,
Au nord l'idéal mort, au sud le génocide.
Et l'amère ignorance où s'est vautré l'orgueil
La guerre va semer, ses malheurs et son deuil.
Moribonde à demi, notre belle planète
Réchauffe son bourreau de son sein qui halète...

Cependant, le savant sonde l'immensité ,
Le cosmos scintillant dans son obscurité,
Explore cœur battant du bout de sa lorgnette
Cet étrange infini où l'esprit se projette.
Y verra-t-il un jour nouvelle dimension ?
Ou la sombre énergie en réglant l'expansion ?
De l'homme et sa genèse il ne sait rien encore
Et voit en ce mystère un dieu craint qu'il adore.

L'humain dans sa folie, laissera-t-il le temps
A ce rêveur, dans l'univers se promenant
D'étoiles en trous noirs, de Mars vers Arcturus ?
Car son savoir conquis, victoire à la Pyrrhus,
Pourrait piteusement, sur un monde détruit
Voir le jour se lever en éternelle nuit !

NG


Arcturus : Etoile rouge en fin de vie, visible dans la constellation du Bouvier

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