Un étrange état de terreur régnait sur Paris ,
Les enfants des grandes familles avaient peur.
La Nuit des Demoiselles flottantes prés de leurs lits
Venues chatouiller leurs pieds de rêveurs.

Les marquises , les baronnes venaient au Roi
Crier en pleurs leurs nocturnes effrois ,
Le Ministre de la Police devait faire cesser cette infamie ,
Les commissaires aux inspecteurs rugissaient avec tyrannie.

Grabouillot venait chez Vidocq demander conseil
Mais l'ancien forçat semblait sans bataillon ,
Tous ses contacts dans la pègre ne bougeaient un orteil ,
Le grand silence régnait dans les bas fonds.

Le Chevalier Dupin allait voir les grands Maitres
Férus d'ésotérismes , les Francs Maçons ,
Des Alchimistes , mais aucun ne semblaient connaître
Le Malin et filles , une vaine moisson...

Mais la Terreur allait connaître sa Grande Nuit ,
La Nuit du Carnaval des Ombres...

Tous les cimetières furent par un brouillard épais recouverts ,
Un brouillard luminescent qu'on ne voit jamais en Hiver
S'étalant comme un sirop de groseilles sur les tombes ,
S'infiltrant en silence dans les fissures sombres.

De tous les cimetières des ombres venues des entrailles
Des ossuaires abandonnées de la Révolution
Allaient se rejoindre sur les avenues cossues de la Capitale ,
Une carmagnole spectrale réveilla toutes les maisons.

Tous tremblaient devant le défilé des fantômes ,
Déjà leurs valises étaient prêtes pour l'Amérique ,
On aperçut menant la danse des Demoiselles en binôme ,
Au nombre de huit guidant l'étrange guilde.

Les jardins à leurs passages se fanaient comme sous un givre ,
Les cœurs des vivants semblaient ralentir de peur d'éveiller
Les Ombres qui filaient le long des rues devenues grises ,
Même les pendules s'arrêtaient pour laisser le silence régner.

Dupin laissa passer le Carnaval des Ombres
Tremblant comme un enfant ,
Claquant des dents
Dans la pénombre.


à suivre....