Le fier voilier de course au moindre vent démâte,
Son gréement s'alourdit, craque sur le marin,
Drossé vers les hauts fonds par la foule et le grain,
C'est un corps en fission où plus rien ne régate.
Du ciel bleu à la nuit, de la nuit à la ouate
D'une brume de mer, il barre à petit train,
Sans boussole et sans cap, son horizon restreint
Aux vagues de son âme, et sa vigie béate.
C'est un matin d'orange amère et café froid,
De houle forte où ses gestes de maladroit
Lui font éperonner d'autres bateaux en peine.
La grosse mer s'éteint, voici le calme plat,
Ô, sa cloche de bord va-t-elle sonner le glas,
S'il naufrage à ouïr le chant d'une sirène ?
JMA