Le château est éteint
Et lévite dans le ciel
Plus un seul refrain
Happera l’essentiel

La cour est inondée
Par de trop longs sanglots
Les belles ont fait valser
L’encre sur les tableaux

Le peintre a mis les voiles
Sur un grand bateau noir
Un briquet pour étoile
Un couteau pour espoir

Il navigue désormais
Vers un autre univers
Où l’ombre a des reflets
Bleus, même en plein hiver

Les rois à l’agonie
Comme des saules incendiés
Saignent d’une patrie
Qu’ils n’ont jamais aimé

Des siècles d’ivresse
En toute impunité
Où le château en liesse
Défiait la pauvreté

Et dans ce manuel
D’histoire géographie
Nos enfants, on martèle
Avec la monarchie

On visite Versailles
Chambord ou fontainebleau
On admire les médailles
On trouve ça tell’ment beau !

Et notre histoire retient
Trop souvent les salauds
Les sinistres assassins
Qu’on érige en héros !

Moi le peintre voyageur
Qui vient du fond des ans
Si vous voyiez l’horreur
De tous les pauvres gens

La honte et la famine
Les enfants qu’on trucide
Les viols sur des gamines
Par des princes perfides

Les os qui s’écrasent
Sous les pas des chevaux
De la cour en extase
Devant tous les badauds

Les femmes qu’on enterre
Vivantes, tout simplement
Parce qu’elles sont pris peu cher
Du pain pour leurs enfants

Je vous passe les actes
Bien plus ignobles que ça
Tous les horribles pactes
Seigneurs et hors la loi

Moi qui reviens de là
Moi qui est fuie la mort
Vraiment, je n’comprends pas
Qu’on puisse aimer leur or

Qu’on enseigne aux marmots
La gloire de ces pourris
Et surtout pas un mot
Pour le peuple qui périt

Pire, j’ai même l’impression
Qu’on refait le schéma
Croire qu’la désolation
Ça ne vous suffit pas?

Le château est éteint
Ne le rallumez pas
Trop de sang sur nos mains
Ô ne l’oublions pas !

L. P