Plume de platine Inscrit le: 19/8/2009 De: Normandie |
La sortie - Haïbun Il faut bien commencer par le début. Le début c'est un nouveau départ comme nous offre à chaque fois un retour d'ailleurs, de voyage par exemple.
Alors une espèce de virginité d'esprit nous fait voir autrement les choses, ceux qui nous entourent.
Un nouveau départ indispensable recul un autre regard
Je retrouvai Kenzo pour une sortie moyenne comme nous les affectionnons, de celles qui laissent le temps d'apercevoir les écureuils, de brouter ça et là une touffe d'herbe trop appétissante....
Au pas élégant l'écureuil diable attentif Curieux équipage
L'abord est serein comme d'habitude.
A peine l'antivol posé sur le vélo le voici qui vient, trottant à ma rencontre. Il est tout crotté : les derniers jours ont été passablement humides et il s'est roulé dans les endroits boueux du pré qu'il affectionne.... Le voici maintenant à l'anneau, comme d'habitude, à peine retenu par une longe nouée large. Je m'avance lentement l'étrille à la main et je commence à le brosser soigneusement, gestes amples et doux …. Toujours aussi élégant avec ses vingt ans bien comptés !!
Ensuite vient l'examen des membres, 'pas de pieds pas de cheval nous dit l'adage'. Il suffit que je m'avance pour que, spontanément, il me présente son sabot, « c'est bien !» Examen de chaque pied la râpe de maréchal prête pour un petit ajustement éventuel ; je monte Kenzo « pieds nus » depuis 2009.... Un succés ! Vérification des quatre pieds, cure pieds, râpe....
Le voici prêt à être sellé. D'abord le tapis, bien rembourré, puis la selle islandaise de beau cuir noir offerte par mes collègues de travail. Comme à chaque fois, une bouffée de souvenirs...
Prendre garde à bien ajuster tapis et selle afin d'éviter les frottements qui pourraient blesser le garrot, un premier sanglage léger, la selle est posée...
Le bridon, sans mors et autre pièce métallique que les anneaux reliant les pièces de cuir, une monte éthologique que j'affectionne, pour un cheval gai et léger sous la main...
Les étriers enfin, souvenir de vacances en Camargue, confort et rusticité....
Compléter le sanglage, encore un trou ou deux puis « jambette » de chacun des antérieurs pour éviter le pincement de la peau par la sangle.
Nous sommes prêts... Je pose soigneusement mon casque, prends ma gaule de dressage.
Le cheval et moi remontons à pieds la pâture vers la porte en fil de fer.... Nous voici sur la route, je marche à côté de Kenzo pendant 1km4 pour le détendre... En chemin, je fais le calme dans ma tête, respiration profonde, quelques mots adressés au cheval...
Elle, images et mots, me viennent à l'esprit, ….. Intense sérénité.
Et sous les tilleuls au même endroit se souviennent les deux chaises vertes
Nous voici au point de départ du chemin de randonnée.... 9 kms2 ou bien 12, au choix.
Dernière vérification du sanglage, puis en selle ! Comme chaque fois, impression intense de monter « dans » et non pas « sur » le cheval...
Je demande le départ, la voix accompagnée d'une légère pression de mollet, « Kenzo marchez ! » puis presque immédiatement, « Kenzo, trottez ! »
Un trot vif bien cadencé, le cheval me demande des rênes pour s'équilibrer, trot enlevé pour moi ! Mon dos ne supporte plus la position assise très longtemps, sourire... Et puis, qui veut aller loin....
Encore une pensée pour Elle, si loin et si proche à la fois...
Nous avons repris le pas.
La campagne est active cet après midi car le moment est venu d'arracher les betteraves, de nouveau les souvenirs reviennent, ces vacances d'adolescent passées à gagner quelque argent en gérant le pont bascule de la sucrerie ; les chauffeurs de camion au verbe haut.... le balayeur arabe qui s'évertuait malgré mes protestations à dire qu'il ne valait pas plus que les pierres du chemin... Tôt le matin, à la prise de poste, la visite de mon père avec des pains au chocolat chauds....
Pain au chocolat Pour la main tendue La femme assise sourit
En 1973, l'argent gagné m'aura payé un mois au États Unis chez mon compagnon de chambre du 104 rue de Vaugirard, fils d'un colonel de l'armée américaine ; au moins l'année de « prépa » à , Paris aura servi à ça !!
Un an à Paris Trente jours à Washington Billet vert mythique
Kenzo supporte mal le va et vient des énormes machines agricoles qui se rapproche.... Je mets pied à terre, l'emmène flairer un gros tracteur à l'arrêt : « tu vois bien qu'il ne va pas te bouffer !!! »
Remis en selle, marchons le long de la petite route puis chemin de terre.... Au trot en alternant les diagonals... Reprise du pas si nous longeons des pâtures occupées... Quelques foulées de galop à main gauche avec une belle prise d'équilibre... Kenzo est en forme... Si Elle me voyait !! Sourire...
Il puis nous gagnons la lisière du petit bois que nous longeons au pas … Beaucoup de branches basses... Puis remontée vers le village, au trot... Puis au pas de nouveau, vers l'endroit où « la dame aux chiens », pourrait me photographier, cette fois...
Nous avançons calmement.... Pas de « dame aux chiens » …. Aujourd’hui encore, Elle, n'aura pas la photo de « son » cavalier !! Sourire....
Dernière ligne droite avant le village, galop à main droite cette fois, joli départ... Je pense à Elle....Reprise du pas et arrivée au terme du chemin....Pied à terre...
Retour à la pâture, 1km4 de marche, Kenzo est toujours frais... deux heures de bonheur... Et dans mes pensées.… Elle, toujours
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