Mon bon Ami
Je ne puis, désormais, davantage me taire
Car ce lieu paternel devient trop militaire.
Je me dois exposer à vos yeux ce spectacle
Qui s’apparente, fort, à l’inique débâcle.
Convoquée, en haut lieu, dans la tour du château
J’ai dû répondre encor, sans monter nul bateau,
A de sottes questions réitérées sans cesse
Concernant votre rang et le mien de princesse.
Mon Père, toujours lui, secondé par malheur
D’un simiesque prélat au discours emballeur
M’enjoignait derechef, se moquant de mes larmes,
De remettre au Banquier la valeur de mes charmes.
Sans nul besoin, pourtant, de chérir les écus
Mon injuste Maison ignorait mes vécus.
J’eus beau leur étaler les détails de ma peine,
Ils montrèrent sitôt le sang bleu de ma veine.
« En effet, mon enfant, déclama le prélat
Vous aurez, par ce biais, de quoi vivre en éclat !
Sans compter les bijoux vous aurez sur la place
Quelque banc de bon choix qui séduit votre Race !
- Vous me semblez odieux, prélat, dans ce complot,
- A déconsidérer mon sincère sanglot !
- Vous n’avez, pour ce faire, aucune connaissance
- De ce qui germe en moi d’une noble naissance ! »
Comprenez mon ami, que je suis révoltée
Et pleure tout mon sou de douleur récoltée.
Vous parlez savamment du secours d’un stratège
Qui mettrait tout son art à ruiner ce manège.
Demeurez en alerte et conservez l’espoir
De pouvoir recruter, au plus tôt, dès ce soir.
Enfermée et sans pain j’attends de vos nouvelles
Que sauront me porter mes amis très fidèles.
Constance de Provence