Ô ma très douce Mie....
Toi qui te joues sans mal de tes récentes rides,
Épluchant du passé quelques éphémérides,
Tu me sembles sans ouïes.
Cependant souviens-toi de ces heures sublimes
Où penaud j’ânonnais, en soufflant, quelques rimes
Jamais épanouies.
Depuis ce temps lointain, je m’entraîne à la flûte
Au point que mon talent aujourd’hui se discute
En tout autre sanscrit.
J’adopte donc pour loi d’éviter la parole
Sachant bien que, dans l’air, tout discours part et vole
Quand seul reste l’écrit.
Lis cette partition sans bémol et sans dièse
Afin que ton esprit connaisseur d’exégèse
Ne soit plus si confus.
Le temps passe ma Mie et se grise mon songe
Car, hélas, chaque nuit tout mon être se ronge
Craignant fort tes refus.
Hume donc le parfum qui donne à cette lettre
Le fumet de mon cœur se disant que peut-être
Est venu le moment :
Le moment de pousser ce chant chargé de flamme
Capable d’émouvoir surtout quand il déclame
L’amour et son tourment.
Mais que vois-je apparaître sur ton si doux visage ?
Une larme qui perle et que je dévisage
Dans l’écho de mon pleur ?
Je comprends, maintenant, que l’amour nécessite
Du temps pour s’établir et qu’enfin il profite
De plus solide ampleur.