C'est l'histoire d'une pierre, Autrefois j'étais un élégant château mais la révolution . . .
C'est l'histoire d'une pierre,
Immobile et muette
Je suis l'immatérielle beauté en ma robe de marbre.
J'habite la carrière au visage déchiré par l'outrage des ans.
Des larmes de pluie en gouttes d'enfer suintent en ma vie
Et gravent de sillons mon ennui au désert de ma solitude.
De leurs doigts gigantesques, les mains du vent d'hiver
Arrachent les feuilles mordorées collées à mon manteau moussu.
Quand s'éveillent les diamants de l'aurore,
Mon ombre est ma seule compagne.
Dès que la nuit se tisse de soie vaporeuse,
Elle tricote comme l'araignée ses mailles géantes :
De ses filets immenses, elle emprisonne mes jours.
Les yeux tournés vers le soleil, murmurant à demi-mot,
Je livre mes secrets au silence, j'implore les dieux tout puissants,
J'espère.
Dans l'océan mystère,
Des boules orangées en lueurs de vie illuminent ma nuit
Et clignotent leurs messages.
Je rêve qu'une main savante vient ciseler mes atours
Réveiller la flamme qui sommeille depuis les jours anciens.
Autrefois, j'étais un élégant château aux rives de la Loire,
Ma pierre blanche se reflétait dans son étrange miroir.
Sous la voûte de ma salle, jeunes princes et princesses
Enamourées chantaient et dansaient.
Mes couloirs murmuraient leurs confidences.
Je coulais des jours heureux, gardien d'une cité d'or et de lumière.
On chanta la Carmagnole.
Soudain, le vent et le feu se marièrent
Une étincelle jaillit,
La flamme se dessina, elle emporta mes murs,
Dans la carrière abandonnée, je reste ruine calcinée
Et les arbres aux racines géantes me fouillent les entrailles . . .
Je vous souhaite une excellente journée.
Je vous embrasse toutes et tous affectueusement.
Pascal