Bonjour Cris
Je rebondis sur ton poème, qui parle d'événements que je ne connaissais pas. Il est très intéressant, et m'a donné envie de leur ajouter une couche :
J'ai eu la chance d'être étudiant à l'Ecole Normale Supérieure sous la direction du professeur Yves Rocard (le père de Michel), un grand savant. Il avait conseillé les Ponts et Chaussées lors du projet de construction du pont de Tancarville, sur la Seine, entre Rouen et Le Havre, ouvert à la circulation en 1959. A cette époque, nos ingénieurs n'avaient pas une grande expérience des ponts suspendus et ce projet voulait être GRAND, avec des records de portée, de hauteur.... Il était intervenu pour dire aux ingénieurs "Attention, souvenez-vous du pont de Tacoma, aux Etats-Unis, ne recommençons pas..."
Voilà des images de l'accident :
https://youtu.be/Xl4YYEp6csYEn regardant, grâce aux documents nombreux qu'on trouve maintenant sur Youtube, les images de la construction et des accidents de nombreux ponts dans le monde, on comprend mieux les règles auxquelles un pont doit obéir pour ne pas présenter le risque d'un effondrement dû à une cause extérieure.
Marcher en troupe au pas cadencé a été démontré comme étant, en effet, un risque. On sait maintenant écarter ce risque, en installant des "amortisseurs" qui s'opposent aux vibrations qui viendraient avoir la même fréquence que la "fréquence propre" du pont et, en lui permettant d'entrer en résonance, entraîneraient la catastrophe.
Mais les vibrations (qui étaient peut-être la cause de l'accident de Gênes) ne représentent pas le seul risque. Il y a aussi le risque d'oscillations, comme dans le cas du pont de Tacoma. Les ponts suspendus et les ponts à haubans se comportent comme des ailes d'avion quand il y a du vent. Il faut savoir qu'un avion décolle et se maintient en l'air quand la vitesse de l'air qui est en contact avec l'extrados (surface supérieure de l'aile) crée une dépression suffisante pour atteindre une "portance" suffisante de l'avion. C'est la même chose pour le "tablier" du pont. Face au vent, il se comporte comme une aile d'avion. Si le vent atteint une certaine vitesse, le tablier a envie de décoller lui aussi, et cela peut se passer, selon les dimensions du pont, avec des vents de vitesse même faible. Comme il est attaché par ses câbles, le pont ne peut pas décoller et se comporte comme un pendule oscillant, avec la fréquence propre du pendule. Si le vent continue de souffler à la même vitesse, les oscillations ne peuvent que s'amplifier et le pont se casse et tombe. C'est ce qui est arrivé avec le pont de Tacoma.
Depuis, avec le pont de Tancarville et les ponts plus modernes (pont de Normandie, viaduc de Millau..., en France), on sait calculer des ponts dont la fréquence propre d'oscillation ne pourrait être atteinte qu'avec des vents de vitesse inimaginable à cet endroit, par exemple 700 km/h à Tancarville.
CQFD
Merci de m'avoir lu.
Bruno
----------------
J'aime la poésie qui me parle et qui chante
Lire plusieurs de mes livres : récits, roman, polar, essai, poèmes :
https://issuu.com/jardinier?utm_source=2017W29_subscribers&utm_campaign=Digest&utm_medi...