Grand-père c’est quoi la poésie
Me demanda mon petit enfant
La poésie mon enfant chérie
Certains l’ont dans le sang

Et toi grand-père me dit-elle
Moi ma petite fille, je l’ai tété
Au sein de ma mère
Elle m’a prise sous son aisselle
Dans un vol d’oiseaux en liberté
J’ai appris à jouer ses airs

Raconte-moi grand-père
Ma petite fille chérie, j’avais à peu près ton âge
Lorsque j’ai dit à un oncle de ma mère
‘’Un jour tu seras seul, aucun voisinage
Tu n’auras pour voisins que les cactus
Les gens fuiront tes parages
Tu vivras ainsi jusqu’à ton dernier voyage ‘’ (*)
Il me caressa les cheveux et me sourit
Il partit en France gagner sa vie
Lorsqu’il revint, il était vieux fini
Il était grognon, les gens l’ont fuit
Il n’avait devant lui que sa femme sourde
Leur entente se faisait lourde
Et pour voisins, ils étaient entourés de cactus de barbarie
Voilà ma petite fille comment est venue à moi la poésie


(*) Le poème bien sûr était en kabyle, et je ne me souviens que de trois strophes, elles sont restées gravées dans ma tête jusqu’à maintenant.
Akhali adyas wass atilidh wahdhak
Ouratghimin madan yidhak
Aljiranik dhik’ramyass
L’oncle de ma mère est mort seul, les gens eurent pitié de sa femme, ils vinrent l’aider à l’enterrer, ses sœurs ma grand-mère et ses sœurs étaient en colère contre lui-même mort.
Les femmes kabyles ont le chant dans le sang, on appelle ça ‘’achawiq’’,c’est une mélodie douce, parfois triste, car son mari est loin d’elle, parfois une sorte de berceuse pour son bébé pour l’apaiser, il est celles qui clamaient des dires qui venaient au hasard comme une sorte d’inspiration, alors j’ai appris de ma mère en l’écoutant chanter sa mélodie, même lorsque je fus grand et marié.

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