Grand père,
On m’a parlé de toi
Et tu fus un peu moi
Nous portons mĂŞme nom
Tu sus la fauchaison
Fendant l’air au clairon
Nous sommes loin en temps
Est-ce que tu m’entends ?
On a le mĂŞme sang !
Il coulait Ă torrent
Il t’a fallu mourir
Et puis t’ensevelir
Dans ce grand champ de croix
C’est pour toi que l’on joue
Un vieil air de clairon
Enfant, sur mes deux joues
J’ai reçu du limon
Celui de la région
OĂą ton corps sans frisson
Abreuvait nos sillons !
J’aurais voulu un air
D’une douce chanson
Ce fut l’air du clairon
Qui transperce les chairs
Dont on a fait les guerres
Celles du temps passé
Celles du temps présent
Ont bien un mĂŞme prix
Le malheur innocent
Sur ta tombe, un matin
Je t’ai juré serment
-Je n’étais qu’un bambin-
Est-ce que tu t’en souviens ?
Dans ce lieu de chagrin
J’ai trouvé mon chemin
Apeuré, j’ai pleuré
Comme si je t’aimais
Sans t’avoir rencontré
Je t’ai juré serment
Dans un décor de ruines
Frappant sur ma poitrine
Et disant quelques mots
Coupé de mes sanglots
Est-ce que tu m’entends?
Je viens prier pour nous
Je me mets Ă genoux
Dans mes rĂŞves la nuit
Ton ombre m’a suivi
Je deviendrai fantĂ´me
Je saurai si tu vis
Et ce sera mon tour
De partir pour toujours
Vers ce profond silence
Où l’on oublie l’absence.
Pierre-Louis SESTIER
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