Jérôme Bosch
LA NEF DES FOUS
Sébastien Brant 1458 - 1521
Il est une coutume ancienne et pittoresque :
On exhibait jadis les proscrits et déments,
Menés dans une barque en procession grotesque
Qui sur les flots du Rhin voguait allègrement.
Voici la « Nef des Fous », catalogue des vices
Que Sieur Sébastien Brant, déployant son grand art,
Pour notre vif plaisir dresse plein de malices,
De ses vers déliés distillant le nectar.
Sa plume alerte orchestre, égayant le vieux monde
Que faisait vaciller la Réforme en naissant,
Des frasques des humains l'universelle ronde,
Tout en chargeant le trait de son humour grinçant.
« Des reîtres et des clercs », « Des mœurs détestables »
« Des modes nouvelles », « Querelleurs et plaideurs » ...
Faisant fi des vertus, vont imperturbables,
Tous ces impénitents qui suivent leurs humeurs.
La Renaissance éclot dans la plaine rhénane.
Elle acclame l'ouvrage où nul n'est épargné
En cent douze portraits, ni sacré, ni profane,
Ni humble, ni puissant, ni pieux ensoutané.
Et ce fut l'aiguillon d'imaginations folles
Dürer l'a illustrée et Jérôme Bosch peint
La nef à la dérive où les fous batifolent
Courant à leur trépas d'absurde turlupin.
Car l'esquif surchargé file vers son naufrage,
Subtile métaphore au pessimisme noir,
Et vers Narragonia, le dément voiturage
Achemine son monde en joyeux défouloir.
Pourtant rien n'a changé. Précipitant sa perte
Avec aveuglement, d'un galop effréné,
L'homme dans sa folie, ignorant toute alerte,
Assassine la terre et ne sait l'épargner !
Narragonia : Pays imaginaire que les fous essaient d'atteindre
----------------
recueils de mes poèmes disponibles : Cliquez sur les liens ci-dessous
https://www.edilivre.com/la-dechirure-des-jours-nicole-ride.html
http://www.edilivre.com/comme-une-plume-au-vent-nicole-ride.html
ou bien FNAC / Amazon