Était-ce encore hier au-delà de ce voile
où s'écoulait mon enfance angoissée,
miroitaient mes amours et mes haines,
tourmenté s'en allait le passé?
Était-ce hier, face au ciel où mon âme solitaire
s'emplissait des douleurs lointaines,
arpentait l'évidence transparente,
s'agitait çà et là , dispersant toutes les peines ?
Était-ce, dans ma ville natale où l'enfer familier,
déployé sur ma route, me rongeait les vertèbres
et les vagues écumeuses de la mer du Bosphore
respiraient sagement dépliant les ténèbres?
Était-ce des chemins brefs, des années de mépris,
oppressés dans ces grandes murailles
où ma vie, s'échappait librement ascendant
comme fuit la fumée d'une touraille?
J'ai passé des années de folie,
dévorant une vie tout entière,
dévasté comme Byzance outragé
et n'osant regarder en arrière.
Je porte solitaire, le fardeau
d'une histoire silencieuse et auguste,
d'une Ville asservie par les Turcs
de façon très horrible, de façon trop injuste.
Obstiné plein d'esprit et de force,
à pas lent, d'une ardeur brûlante,
je m'emplis répétant une prière au bon Dieu,
une prière qui résonne chancelante.
Ainsi surgira du fond des temps, ma patrie,
songe des vents, avalanche du silence,
rêve ultime de mon âme vespérale,
mon Bosphore, la limite du sud-est
d'une Europe grande puissance.
Poème extrait de mon recueil " CORNE D'OR "
ISBN:978-960-930094-0 Athènes-2007
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Citation :
La mort mélange tout:
l'ombre, le vent, le silence,
la poussière, l'herbe
et remet tout en ordre
comme une vulnérable poésie.
JEAN IOANNIS BOZIKIS
www.ioannis-bozikis.com