Les ailleurs de la vie - (Recueil : "DÉPARTS").
« La poésie est dans les idées ;
les idées viennent de l'âme (Victor Hugo) »
LA VIEILLESSE ‘DÉSENFANTÉE’.
... partir un jour, oublié par un présent méthodique.
S'exiler au bras d'un souvenir traîné dans un silence envahissant,
Le cœur alourdi d'espoirs cachés sous des tendresses en haillons
Et qui s'égarent avec pudeur dans les recoins poussiéreux
D'une fin de vie fabriquée par des avenirs étrangers.
L'ENFANCE DÉCOUPÉE.
... partir un jour, sans cicatriser ce petit sourire ensanglanté.
Piétiner sans frémir neuf mois de grossesse immense,
En exécutant à l'amiable la condamnation immature
D'un petit cœur trop fragile pour contenir ces deux galops débridés
Qui vont écarteler ses droits à l'enfance heureuse.
LA ‘PRÉCARITUDE’.
... partir un jour, avec son destin en bandoulière.
Se laisser expulser d'une vie javellisée de promesses
Pour s'aventurer dans des certitudes glacées,
En prenant bien garde de ne pas s'aventurer par effraction
Dans les sourires jalousés par les peurs et les intolérances.
S'EN ALLER VERS L'AUTRE RAISON.
... partir un jour, dans la peau de l'autre soi-même.
Cohabiter dans sa propre tête embrumée de volontés impalpables,
L'âme blessée par des questions vicieuses et sans fin,
Pour ne plus ressembler aux raisons qui défigurent sa folie
Et ne la jugent qu'en leur blâme et inconscience.
‘L'INFANTILHYMNE’ NATIONAL.
... partir un jour, pour combattre aux côtés du néant.
S'offrir au nom de l'esprit d'un père demi-dieu
Et jusqu'au bout des incantations d'une mère irraisonnée,
Aruspice malade à vouloir extirper ses regrets ambitieux
Stagnant dans les illusions étripées de son enfant sacrifié.
LA ‘DÉSALLIANCE’, ETC.
... partir un jour, au-delà d'un oui encore tout agenouillé.
Dérober sur l'autel déserté le seul meilleur pour soi-même,
En répudiant le pire infligé à cette détresse souillée,
Répandue sur les larmes maculées d'un adieu émétique
Et re promise à un non-droit aux silences meurtriers.
LA ‘DÉSÉMIGRATION’.
... partir un jour, vers l'envie de ne pas haïr sans avoir aimé.
S'enfuir vers un droit de ne pas mourir avant d'avoir vécu,
Pour finalement se jeter sans comprendre et à corps abusé,
Dans la gueule de gargouilles intransigeantes
Qui imposent leurs lois sélectives en toisant les espoirs asservis.
A DEUX PAS D'UN BOUT DU MONDE.
... partir un jour, dans la foulée de ses limites chronométrées.
Se perdre dans la crainte et s'oublier le temps d'une ambition
Pour se retrouver au bout d'un sourire vainqueur,
Le souffle rythmé par des bravos reconnaissants
Déposés aux pieds d'une chimère enfin apprivoisée.
VOX OCEANUM.
... partir un jour, dans un silence hurlé par tous les vents.
Se retrouver face à l'immensité d'une réponse indomptable,
En se cherchant dans les replis de ses colères soupçonneuses
Pour redevenir vivant dans ces eaux de la procréation originelle
Et renflouer l'amour ensablé dans les brumes terriennes ...
DERNIER PLUS LOIN.
... partir un jour, derrière le premier jour de sa vie.
Abandonner ses espoirs amputés par le temps
En se consolant dans les bras de plaisirs déjà aimés,
Accepter enfin les grâces et les péchés d'un destin dictateur
Pour s'apaiser dans le souffle ultime de sa conscience fatiguée.
----------------
« La vie n'est supportable que si l'on y introduit non pas de l'utopie mais de la poésie (Edgar Morin) »
----------------