Et la Terre dit à l'Homme...
Et la Terre dit à l'Homme...
Un jour habituel où l'Homme encor courait
La Terre éberluée ainsi l'interpella:
"Mais pourquoi cours-tu si vite?
- Pour arriver plus vite pardi!
-Sais-tu seulement où tu vas?
-Je le saurai une fois au bout de ce chemin...
-Si tel est ton unique but
Sache qu'il n'y a là -bas
Que ta prochaine mort;
Ne sois pas si pressé
Marche! et profite!
Laisse le temps te rattraper
Et t'y conduire lentement,
Fais-toi porter par les secondes
Et apprécie-les!
Le temps se cueille tu sais,
Si tu veux fleurir ta vie.
A force de courir, tu vas les dépasser
Sans en avoir senti le parfum.
Le temps est un jardin
Les secondes ses fleurs,
Donne-leur le droit d'exister,
De grandir, s'épanouir.
On ne cueille pas fleur
Avant qu'elle n'ait poussé!
Si tu veux vivre mon enfant,
Inverse le cours de ce temps!
Transforme tes heures en secondes,
C'est en elles que réside
La beauté des instants;
Capte le furtif, extasie-toi devant l'éphémère!
Vois-tu ce que tu fais des chemins:
Tu leur mets du bitume,
Mais ce sont les ornières
Qui leur donnaient du charme!
Ne fonce pas tête baissée,
Relève la, et marche!
Regarde autour de toi, et choisis!
Tu verras mille chemins
Qui te mèneront à ta fin!
Certains seront plus courts,
D'autres beaucoup trop longs.
Ceux-ci seront bien ternes
Quand d'autres fleuriront.
Si je n'ai mis de porte
A aucun des jardins,
C'est pour que tu choisisses!
Je ne peux rien t'offrir
Si tu n'acceptes rien!
Et si j'avais un coeur...
Si j'avais une main...
Je tendrai la seconde
Pour t'offrir le premier!
Ouvre les yeux tu vis en moi,
Ne me détruis pas
De cet appétit vorace;
Tu ne manges plus à satiété
Mais à volonté,
Fat de luxure, d'avidité...
Ecoute mes orages!
Vois mes larmes tomber
Quand je te gronde!
Retourne à ces chemins
Que je t'ai voulus beaux;
Respire mes parfums...
Diffuse-les à tes enfants
Et vois comme ils en jouiront.
Alors tu sauras que tu auras atteint
La fin* de ton chemin...
*Le mot doit ici être lu dans ses deux sens: terme et finalité.
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c'est toujours quand il est parti qu'on se rend compte que le bonheur était là !