Plume de platine Inscrit le: 24/3/2016 De: De Breizh dite Izel |
Juste un sillage d'Ă©cume sur la mer Existence
Plein de ressources, j’ai quitté ma fontaine. Tout cru, en amorce, sage, rinçant les rives sur mon chemin.
Alors de lourds vêtements ont sondé mon dos nu. Sous la pluie, mes eaux grossies ont flotté tristement, s’engouffrant, s’embouchant, se grévant. À jamais.
Sur les hauts-fonds, sur les plages, sous les ponts, j’ai repêché des bagues singulières. Mais la gangrène a noyé tous mes doigts. Mes larmes ont débordé, et traversé leur gué sur mes chagrins.
Dans mes yeux chuchotant j’ai construit un landau. Une douce barque que la mer a bercé. En pièce perdue. Puis détachée, elle prit le large.
En clapotis, en cascades, j’ai baigné sur les sciences. Dans mes bras percés de mille voix, l’acier bleuté coulait autour de Guernica.
J’ai drissé haut mes voiles. Sus, à la corde. Bien pendues.
Des galets de lune ont roulé mes remords. Les vagues de mes songes écorchaient ma chevelure. J’ai coulé, dénudé, sur la traîne des algues, au fond de lacs sans issues.
Aux spasmes de mon visage, à toutes mes envies refluées, mon corps n’était qu’empreinte éphémère. Sur la mer.
Aujourd’hui la roue du moulin de la mort est désamorcée, elle m’avait sis, pourtant. Si belle. Rebelle.
À l’embouchure, je relève la plume. Surfe, surfe mon doux morceau d’absolu, mon aile avant qu’on ne la rogne, sous l’estran mordoré,
aux encres du soleil couchant.
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