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Arteaga |
Envoyé le : 21/5/2020 10:00
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Plume de platine Inscrit le: 26/6/2008 De: 43° 50' 16" nord et 4° 21' 39" est |
Saynète (Recueil : "LA VIE ENTRE AUTRE"). « La poésie est dans les idées ; les idées viennent de l'âme (Victor Hugo) »
LA CHUTE. Petit extrait du dernier acte du " ONE-KITTEN-SHOW" de Guillermo Liaire (en 5 actes et 32 scènes dans son intégral). ACTE II. Envoyez la SCÈNE 1 !
Il s'est retrouvé perché, Fragile, Figé sur le lampadaire bringuebalant Qui trônait à côté du piano. Il s'est retrouvé loin de tout, Comme ça. Sans trop savoir pourquoi, Ni comment. Du moins, le pensait-il.
Fuyant la vigilance de sa mère, il voulait voir d'en haut ce qu'il ne voyait pas d'en bas et il s'est retrouvé suspendu à l'intérieur de l'abat-jour. A quelques peurs du vide. Comme ça, sans trop réaliser, insouciant. Il a bien essayé de redescendre, mais l'habillage en plastique de l'abat-jour était trop glissant. Dangereusement inutile. C'est qu'après avoir atteint la tablette située au milieu de la colonne en bois torsadé, il a voulu conquérir le sommet du lampadaire. Seulement ça faisait un peu trop haut pour lui et il voulait rejoindre les attentions de sa mère. Même si elles étaient trop étouffantes. Il voulait quitter ce "là -haut" trop haut. Il voulait redescendre à tout prix. Pas trop rapidement tout de même. Palier par palier. Mais comment s'y prendre lorsqu'on ne maîtrise pas encore la marche arrière.
Alors, il est vite ressorti Par le dessus de l'abat-jour. Toutes griffes dehors Fermement accrochées sur le rebord. C'est ainsi qu'il s'est retrouvé perdu, Dans un équilibre angoissant. Comme ça, A quelques secondes de la fatalité. Sans trop savoir pourquoi, En geignant et le drame est arrivé ! A pas de loup. Pour croquer sans état d'âme, Dans l'éphémère de sa vie.
ACTE II. Envoyez la SCÈNE 2 !
Tout à coup, Le frêle équilibre s'est rompu Et dans un long gémissement, Piaulé par des griffes impuissantes, Le chaton est tombé. Du haut de vingt fois sa taille. Il est tombé les quatre fers en bas Sur le clavier du piano. Lequel n'en revenait pas.
Sans respecter la gamme, le chaton s'est retrouvé sur la touche ou plutôt, au hasard des touches. Une blanche vaut bien deux noires, mais il lui en fallait quatre et il ne savait lesquelles choisir. Peu lui importait, à présent il avait presque pied ou plus justement, il avait presque "patte". Les quatre ensembles et cette fois, bien en équilibre. Il n'y avait plus que les quelques dizaines de centimètres, allant du bord du piano géant au bout du clavier béant, pour le séparer de sa mère.
Le vrai danger s'était éloigné. Un peu. Mais pas l'inquiétude. Car en atterrissant, Une drôle de musique s'est fait entendre. Composée à la hâte D'un drôle de paquet de notes cacophoniques. Pas comme les sons feutrés de la moquette Ou comme le crissement du canapé. Celui en cuir, Qui faisait du bien aux griffes à dégourdir. Non ! C'était une sonorité bizarre, Presque agréable. Mais qui faisait tout de même un peu peur.
ACTE II. Envoyez la SCÈNE 3 !
Le chaton s'affolait. Il regrettait de plus en plus Sa folle équipée sauvage Et il voulait retourner près de sa mère. Près de ses remontrances. Loin de son évasion mal léchée.
Il voulut donc rapidement avancer vers le bout du clavier trop bruyant. Mais d'autres résonances inhabituelles semblaient vouloir ponctuer sa fuite en avant. Alors il recula. Doucement et chacun de ses mouvements fébriles produisait une tonalité différente. A chacun de ses pas.
Cependant, il n'avait pas mal. Les notes n'attaquaient pas. Juste un peu les oreilles surprises, Mais la liberté n'avait pas de prix. Sursautant sur un do grave et sévère, Le chaton se figea. Le bord était encore loin, Mais là était la seule issue. Selon l'avis d'un chaton espiègle Qui n'avait jamais joué de piano de sa vie. L'air de rien, Pour tenter de surprendre l'ennemi, Il reprit son petit chaton de chemin.
Mais de nouvelles notes, résurgies des abysses du monstrueux clavier, venaient à nouveau se coller sans état d'âme sur le velours de ses coussinets angoissés. Il avait beau secouer les pattes, les notes se recollaient au pas suivant. Même quand il marchait à "pas de chat". Comme pour s'approcher du bocal à poisson sans vouloir attirer l'attention. Seulement, il fallait bien rentrer. Alors, prenant tout son courage à quatre pattes, le chaton bondit en avant. Trébuchant sur chaque touche qui s'enfonçait de colère en ronchonnant. Mais la peur donne des ailes et il réussit à traverser sans trop de mal le champ miné de touches explosives.
Arrivé sur le bord, avant "plus rien" Et profitant de ce silence soudain, Le chaton s'élança de nouveau. Sans plus attendre. Il bondit toutes griffes dehors, Cherchant à s'accrocher le long du gros instrument. Lequel était malheureusement verni. C'était un gros monstre vraiment bizarre, Qui miaulait dans une langue étrangère Et s'inquiétait bruyamment D'avoir un chaton qui marchait sur son dentier.
ACTE II. Envoyez la SCÈNE 4 !
Malheureusement, la prise céda Et le chaton patina sans espoir Le long du panneau inhospitalier, Glissant comme l'habillage en plastique d'un abat-jour.
Alors le petit filou atterrit, une fois de plus, après un saut en chute pas vraiment libre. Mais cette fois, les quatre fers en l'air. Par terre. Sur son terrain de jeu favori. Celui qui permettait de gambader en faisant des bruits familiers. Le temps d'un petit brin de toilette, pour se faire beau avant d'aller retrouver sa mère, le chaton prit le chemin du couffin familial.
Après cette aventure éprouvante, Il voulait se faire consoler Entre des "patounes" chaleureuses. Il se précipita alors vers sa mère, Laquelle lui fit entendre une autre sorte de musique. Moins jolie que celle du clavier, Mais beaucoup plus rassurante.
ACTE II. Envoyez la SCÈNE 5 !
ARNOLPHE : - La promenade est belle.
AGNÈS : - Fort belle.
ARNOLPHE : - Le beau jour !
AGNÈS : - ... !
ARNOLPHE : - Quelle nouvelle ?
AGNÈS : - Le petit chat n'est pas mort.
ARNOLPHE : - ... ?
- FIN DE L'ACTE II -
---------------- « La vie n'est supportable que si l'on y introduit non pas de l'utopie mais de la poésie (Edgar Morin) » ----------------
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Bruno5361 |
Envoyé le : 21/5/2020 14:08
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Plume d'or Inscrit le: 15/4/2020 De: Ile de France |
Re: Saynète (Recueil : "LA VIE ENTRE AUTRE"). Bonjour Arteaga, C'est super bien écrit et l'on note la précision dans les descriptions avec cette touche d'humour qui rehausse l'ensemble Pour ma part, je classerais plus texte plus dans une catégorie, qui s'apparenterait au récit poétique ou pourquoi pas à la nouvelle, que en poésie pure, cela n'enlève rien évidemment à l'intérêt de ce travail bien structuré à la lecture fort agréable. Amitiés poétiques de Bruno
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ZAGHBENIFE |
Envoyé le : 21/5/2020 15:50
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Mascotte d'Oasis Inscrit le: 7/11/2015 De: ALGER |
Re: Saynète (Recueil : "LA VIE ENTRE AUTRE").
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Sybilla |
Envoyé le : 21/5/2020 23:29
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Modératrice Inscrit le: 27/5/2014 De: |
Re: Saynète (Recueil : "LA VIE ENTRE AUTRE"). Bonsoir Arteaga, Magnifique écrit en une pièce de théatre très bien écrite ! Belle soirée ! Mes amitiés Prends bien soin de toi ! Sybilla ---------------- Presque toutes mes poésies ont été publiées en France et ailleurs avec les dates ""réelles"" de parution.
Le rêve est le poumon de ma vie (Citation de Sybilla)
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Chibani |
Envoyé le : 22/5/2020 11:21
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Inscrit le: 9/12/2009 De: Val d'Oise |
Re: Saynète (Recueil : "LA VIE ENTRE AUTRE"). Tout comme l'a écrit Bruno dans son commentaire, c'est en Contes et nouvelles que j'aurais édité ce merveilleux texte qui ne laisse pas insensible. pour l'ensemble pour l'artiste. GUY ---------------- .
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isabelle24 |
Envoyé le : 22/5/2020 11:34
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Mascotte d'Oasis Inscrit le: 20/4/2014 De: Hauts de France |
Re: Saynète (Recueil : "LA VIE ENTRE AUTRE").
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guepard |
Envoyé le : 22/5/2020 18:15
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Plume de platine Inscrit le: 23/9/2007 De: ALGERIE |
Re: Saynète (Recueil : "LA VIE ENTRE AUTRE").
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EvilFranck |
Envoyé le : 15/6/2020 18:08
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Plume de diamant Inscrit le: 8/7/2013 De: Pandore |
Re: Saynète (Recueil : "LA VIE ENTRE AUTRE").
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Thomas1 |
Envoyé le : 15/6/2020 18:42
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Mascotte d'Oasis Inscrit le: 12/11/2019 De: |
Re: Saynète (Recueil : "LA VIE ENTRE AUTRE"). Que d'aventures... Voilà un poème bien sympathique et bien amusant, avec un joli souvenir de Molière.
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