J'ai martelé du pied,
J'ai trépigné du poing,
Je me suis cogné cent fois la tête,
Sans savoir comment sortir,
Sans savoir pourquoi sortir.

Mais j'étais enfermé depuis trop longtemps
Et je voulais enfin voir les bruits du dehors.

J'étais pourtant bien protégé,
Contenu par ces mains guerrières
Qui caressaient mon impuissance
Filtrant au travers de ce ventre potelé,
J'étais pourtant bien tranquille,
Nourrissant mon innocence de ces fruits utérins,
Suspendus aux rameaux de ces entrailles généreuses.

Je me sentais déjà aimé !

Je me sentais déjà vivant,
Au sein de cette osmose qui explosait d'attentions
Et j'étais bien,
Au fond de ce ventre incorruptible,
Prêt à donner et redonner sa vie
Pour s'effacer devant mon seul destin

Et j'étais moi,
Au bord de ce ventre offert sans sacrifice,
Prêt à se répandre aux ordres de mon premier vœu
Sans hurler plus fort qu'un bonheur déchirant
Et j'étais nous,
Aux frontières de ce ventre évangélique
Qui rompait son amour de chaque jour,
Pour voir enfin jaillir d'entre les flots expulsés par son âme
Les balbutiements de ma première émancipation.

La femme qui accouplait nos forces,
Aux rythmes de son cœur soumis
Et qui berçait mes volontés espiègles
Pour s'inoculer mes souffrances,
Cette femme prête à s'immoler
Et qui se tordait de douleur pour enfanter mes rires,
Alors que je me tordais d'impatience
Pour la quitter une première fois,
Cette femme qui faisait sourire ses larmes,
C'était ma mère
Et elle souffrait pour moi.

Je ne savais pas encore
Comment faire le bien…
Ni même comment faire mal,
Mais je le faisais déjà.
Sans le savoir encore
Et un matin je m'en suis allé.

Je suis sorti le souffle coupé,
Hors de ces chairs qui emmaillotaient les miennes,
Je me suis enfui d'elles,
Pour essayer de reconnaître leur sourire de l'extérieur.
Alors mon instinct a voulu croiser le chemin
De tous ces murmures qui m'avaient si souvent interpellé,
Mais je ne les voyais presque pas.

Ce matin là,
Des ombres blanches que je ne comprenais pas,
Ont bousculé le ventre tourmenté qui gisait à mes pieds.

Ce matin là,
Toutes ces formes obscures que je ne savais pas,
Se sont découpées autour de mes regards encore cicatrisés
Et sans rien me dire,
Elles ont tranché au milieu de nos deux vies,
Pour me séparer de ce corps qui m'enrobait depuis toujours.

Ce matin là,
Des émotions nouvelles ont fait crier mes pleurs désorientés.

Au bout de ma toute première fois,
Ces silhouettes que je ne reconnaissais pas
M'ont retiré de l'intérieur du cœur qui saignait de moi.
Puis elles m'ont déposé sur cette femme tendrement épuisée
Qui m'offrait quand même tout son amour
Pour remercier mon impatience.

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• Page 01 : Cette fois là.

• Page 02 : Premier combat.

• Page 03 : Premier mot.

• Page 04 : Premiers pas.

• Page 05 : Première séparation.

• Page 06 : Première émotion.

• Page 07 : Premier envol.