Plume d'or Inscrit le: 8/8/2009 De: |
Île était une fois. Que sont mes îles devenues : Beaux galets resucés par les eaux alizées, Frissonnées de caresses sous les vents accourus, Aux palmes alanguies sur elles déposées.
L' étrave labourant vos flots ensemencés, Frottés aux moisissures et odoriférantes, Sillage coruscant de Céphéides gansées; La coque bruit une mélopée térébrante.
Mais tous les nœuds marins filés à la volée Prennent dans leurs mailles depuis effilochées La brume saumâtre d' un paradis volé Depuis que les années en nous se sont fichées.
Les courants un à un y déposant ses algues Et ses putrides leurres que l' océan charroie, Comblent de sédiments vos splendeurs extasiées, vagues Enfouissant dans les boues vos rives et détroits.
Quand ma mémoire flottée déjà presque noyée Devenue incertaine de vos attaches aimées Confond le musc lourd de toutes vos graminés, Les nausées remuglées de nos civilisés.
Mes îles, mes suaves, mes Atlandides en cours Comment dire de vos charmes quand le temps qui s'acharne, Détruit tant vos îlots capiteux, délicieux, Et tamise mes songes comme sables oublieux.
Mes rétives, mes furtives, mes atolls bagués Lors de noces consommées dans la touffeur d'une anse, Sur des nattes odorantes sous les ravenalas bleus Quand les lucioles chantent leurs stridences phosphorées.
Qu' est ce monde sans vos larmes dégouttant l' ouragan, Sans bouffées diluviennes crissantes de criquets ? Où trouver l' arrondi accueillant de vos criques Comme des bras ouverts aux voyageurs en quête ?
Heureusement le temps entropique nous efface Submergeant vos délices englués de tropique, Errayant les mémoires qui s'éteignent et faiblissent, Pour que d' autres rêves avec d' autres se puissent.
Adieu les flamboyants, les mornes silencieux, Les cases des créoles, les palmes agitées : Si je n' ai plus l' âge de vouloir bourlinguer, Vous n' avez plus le temps d' encore nous subjuguer.
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