Tous les enfants attendaient sans vouloir comprendre.
Tous les bouts de grands, enchaînés à leur cartable,
Regardaient derrière le grillage intransigeant
Et j'ai voulu rentrer chez nous.
Mais ma maison était partie trop loin,
On ne pouvait plus la rattraper.
Ma mère m'a dit qu'elle allait partir,
Juste pour un petit moment.
Ma mère m'a dit qu'elle allait revenir,
Dans pas très longtemps
Et j'ai voulu pleurer plus fort que son baiser
Pour ne pas nous en aller sans nous.
Alors pour me réconforter,
Ma mère m'a dit qu'elle me l'avait bien dit.
Elle m'a dit que j'avais dit oui.
Mais je n'avais pas bien écouté,
Je n'avais pas bien compris.
Je ne voulais surtout pas me consoler.
Soudain,
La grande cloche qui fait trop de bruit en cognant le cœur,
S'est mise à sonner pour étouffer l'écho des chagrins
Et tous les enfants se sont regardés,
Sans savoir comment ne plus trembler.
C'était l'heure !
Des personnes aussi grises que la cour sans toboggan,
Nous attendaient impatiemment sous le porche
En frappant joyeusement dans leurs mains insouciantes.
Mais la trop grande maison ne plaisantait pas.
Elle était trop sévère pour dessiner nos sourires
Et allait nous aspirer en quelques hoquets inutiles.
A présent,
Les mamans étaient à l'autre bout de notre monde
Et les cartables tant convoités
Pesaient de plus en plus lourd de conséquences.
Alors nous avons trottiné,
Lentement,
A "rebrousse-espoir",
Sans nous quitter des larmes
Et les mamans ont reculé pour ne pas avancer,
Sans nous quitter du cœur.
Leurs tendresses se sont accrochées à nos pleurs
Et leurs "je reviens" sont restés collés pour toujours
Sur nos cœurs humides qui reniflaient sans cesse.
Puis elles nous ont quittés.
Pour du vrai.
Elles sont parties,
Jusqu'Ã ce qu'on ne voit plus leurs caresses.
Elles s'en sont allées.
Pour toujours.
Jusqu'à tout à l'heure,
Jusqu'au prochain baiser.
- Arteaga