Alors, ne pas donner au pauvre sans espoir,
De cet argent prêté au riche sans besoin ?
Jeter toutes ces faims au fond d'un vieux crachoir
Et bercer sa conscience en offrant son mouchoir
A cet enfant perdu reniflant dans son coin,
Pour essuyer l'image osant peupler nos soirs ?
Éteindre l'envie qui enflamme
Le bûcher d'un respect trahi.
Ne pas dévêtir son âme
D'un coutil jugé trop infâme,
Dans les ors d'un nouvel acquit.
Trop de pauvreté innocente,
Tant d'inégalité coupable,
Aux créneaux des châteaux de sable
De ces destinées luxuriantes.
La riche intolérance,
Latente et plus altière
Qu'une pauvre insouciance
Portée en bandoulière.
Tous ces jours dépensés pour un bonheur trop cher,
En droguant notre amour dans des relents d'éther…
Dans l'espoir de la nuit,
Le malheur est gratuit.
Je veux t'aimer,
Toi l'indigent aux larmes dans la poche,
Toi qui souris dans ton frac de gavroche,
Je vais t'aimer !