Expéditeur |
Conversation |
Arteaga |
Envoyé le : 2/10/2020 10:04
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Plume de platine Inscrit le: 26/6/2008 De: 43° 50' 16" nord et 4° 21' 39" est |
A deux pas d'un bout du monde - (Recueil : "DÉPARTS"). « La poésie est dans les idées ; les idées viennent de l'âme (Victor Hugo) »
... partir un jour, dans la foulée de ses limites chronométrées. Se perdre dans la crainte et s'oublier le temps d'une ambition Pour se retrouver au bout d'un sourire vainqueur, Le souffle rythmé par des bravos reconnaissants Déposés aux pieds d'une chimère enfin apprivoisée. -----------------------------------------------------------------------
Encerclée par des gradins qui ajustaient leurs exhortations, Elle semblait s'être figée dans un morceau d'avenir. C'est alors que dans un éveil excité par les rabatteurs officiels, Ses instincts prédateurs commencèrent à rugir Dans les derniers replis de sa concentration aux abois.
Droit devant son inquiétude, Une centaine de mètres interminables Se démultipliait au long de ses regards anxieux. Plaquée par les rumeurs de la plaine sauvage, Elle s'était silencieusement embusquée Derrière les marques de son territoire de chasse Qu'elle voulait imprégner de son ambition léonine. Sans autre raison que celle de bondir plus fort, Plus loin que les autres.
Droit devant son affût, A quelques foulées d'une volonté inexorable, La coupe en victoire dorée la toisait de son regard métallique.
Encore rebelle pour quelques instants fragiles, Cette proie de fer empêtrée dans ses rubans multicolores Allait devoir succomber devant sa libération animale. Tandis qu'au loin de ces milliers de millimètres encore vierges Qu'elle devait conquérir seconde après seconde, Un vautour mécanique alerté par l'odeur de l'âpre combat, Attendait de pouvoir se poser sur les derniers souffles étripés Pour s'inviter au grand final ensablé de sueur volcanique.
Droit devant sa résolution, L'ombre de son corps tapi sous un soleil dénonciateur Pointait implacablement sur la cible à portée de rêve Et chacun de ses muscles bandés à l'extrême, Préparait sans pitié son attaque imparable. Elle était décidée à tout abandonner de l'instant, Pour se retrouver dans les bras de cette pulsion indomptable Et franchir le no man's land surligné de chaux blanche Qui devait être enfoncé par sa victoire impériale.
Droit devant ses limites, Elle cherchait à prévenir chaque danger environnant. Avant de lâcher ses illusions encore fragiles Sur la piste rougie d'une tension électrique Et offrir la dernière énergie de ses flancs orgueilleux, A ses espoirs affamés de gloire homologuée.
Alors, prête à fondre sans retenue Dans les spasmes d'un cent mètre enfiévré de non-retour, Elle fixait intensément dans sa respiration poussiéreuse, Les parfums encore insoumis du trophée impartial.
A demi agenouillée devant des milliers de regards inquisiteurs, Elle n'entendait plus les cris des non-combattants de l'autre monde Qui semblaient mimer leur impatience dans son silence invoqué. Les mains reposées sur le sol avec une précision stratégique, Elle égratignait nerveusement l'écorce de son couloir consacré, Afin d'y incruster chacun des jours de sa préparation douloureuse De ses longs doigts acérés par une détermination impitoyable.
Elle attendait, Le cœur harcelé par l'impossible, Prête à se désenchaîner d'une contention éprouvante. Elle attendait, Le corps tendu vers l'au-delà , Prête à se réincarner dans un surpassement irréversible. Elle attendait, La tête fichée hors de l'incertitude, Prête à ceindre sa crinière de lauriers. Elle attendait.
Elle était seule au milieu de chaque souffle retenu, Quand le coup de feu a éclaté derrière son élan superbe… … puis elle a ralenti, Soudain, Et l'arène dépossédée pendant un minuscule bout de siècle, S'est éclatée en milliers de décibels enfin libérés.
Mais elle n'écoutait rien de ces hurlements vainqueurs, Elle percevait simplement dans un soulagement intense, Le murmure des autres pas crispés Qui expiraient sur ses talons.
Elle était encore seule, Derrière le seuil de cet horizon jusqu'alors préservé Et qui se rendait maintenant à ses regards comblés.
Elle était toujours seule, Au-delà de cette frontière dépassée, Grossièrement balafrée d'une ombre blanche Qu'elle avait piétiné sans partage.
Elle était toute seule... ... et elle avait gagné !
---------------- « La vie n'est supportable que si l'on y introduit non pas de l'utopie mais de la poésie (Edgar Morin) » ----------------
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coutala97240 |
Envoyé le : 3/10/2020 3:28
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Mascotte d'Oasis Inscrit le: 10/1/2012 De: La Martinique |
Re: A deux pas d'un bout du monde.
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Bruno5361 |
Envoyé le : 3/10/2020 5:52
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Plume d'or Inscrit le: 15/4/2020 De: Ile de France |
Re: A deux pas d'un bout du monde. Bonjour Arteaga, J'ai lu et relu vote poème plusieurs fois sans réussir à en saisir la quintessence....le message restera - pour moi - un peu mystérieux dans une belle écriture. Amitiés poétiques de Bruno
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islander |
Envoyé le : 3/10/2020 9:39
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Mascotte d'Oasis Inscrit le: 11/4/2009 De: Baltimore, Bretagne |
Re: A deux pas d'un bout du monde.
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kenie |
Envoyé le : 3/10/2020 11:19
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Plume de platine Inscrit le: 3/7/2006 De: La côte d'azur |
Re: A deux pas d'un bout du monde. beau partage, j'ai aimé ma lecture ---------------- nos amis sont des anges silencieux qui nous remettent sur pieds lorsque nos ailes ne savent plus comment voler.
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berrichonne |
Envoyé le : 4/10/2020 8:24
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Plume de diamant Inscrit le: 17/6/2008 De: |
Re: A deux pas d'un bout du monde. A la lecture j'ai pensé à une bête traquée, traquée par les chasseurs mais peut être que je m'égare moi même tant ce ressenti, au demeurant fort étayé, reste bien mystérieux. N'empêche ...quelle muse! infatigable et prolixe ! Mes chaleureuses pensées. Michèle ---------------- La vie est belle il faut savoir l'apprécier.
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Arteaga |
Envoyé le : 4/10/2020 8:36
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Plume de platine Inscrit le: 26/6/2008 De: 43° 50' 16" nord et 4° 21' 39" est |
Re: A deux pas d'un bout du monde. --------------------------- Re: aux commentaires. « A quoi cela sert-il de n'écrire que pour soi ? Sans bénéficier d'un commentaire ? Qu'il soit bon ou désagréable, il permet d'avancer… et d'exister ! (Arteaga) »
Alors ... coutala97240 - Bruno5361 - Islander Felinelove - kenie - Berrichonne... merci pour votre attention.
---------------- « La vie n'est supportable que si l'on y introduit non pas de l'utopie mais de la poésie (Edgar Morin) » ----------------
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NoireLune |
Envoyé le : 4/10/2020 8:40
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Mascotte d'Oasis Inscrit le: 20/11/2011 De: Où le rêve rit... |
Re: A deux pas d'un bout du monde.
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franie |
Envoyé le : 5/10/2020 16:02
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Plume de diamant Inscrit le: 28/5/2012 De: BRETAGNE |
Re: A deux pas d'un bout du monde. Bonjour Arteaga Une lecture prenante qui nous mène jusqu'au dernier vers malgré la longueur du texte. Pour être honnête je n'ai pas percé tout le mystère mais j'ai pris plaisir à vous lire. Amicalement Franie ----------------
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RomaneJones |
Envoyé le : 5/10/2020 16:09
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Plume de platine Inscrit le: 6/12/2019 De: Gironde |
Re: A deux pas d'un bout du monde. Bonjour Très belle poésie très mysterieuse mais magnifique est votre plume... Bravo et merci pour cette lecture qui interroge. Amicalement Romane
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EvilFranck |
Envoyé le : 5/10/2020 18:52
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Plume de diamant Inscrit le: 8/7/2013 De: Pandore |
Re: A deux pas d'un bout du monde.
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saumon1 |
Envoyé le : 6/10/2020 9:48
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Plume de platine Inscrit le: 12/10/2014 De: Ile de France |
Re: A deux pas d'un bout du monde. Est-ce elle qui a pressé la gachette ? En halène et intrigué depuis le début à la lecture de ce texte, j'en ai conclu au suicide... Non? ---------------- http://poesiedejla.blogspot.fr/ Mes livres :- La faim d'un rêve, - Le masque angélique et le chemin de Pierre aux éditions Publibook… De l'aurore au crépuscule aux éditions Le Manucrit …
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