Entracte magique - (... Ã suivre).
N. B. : j'ai reçu de nombreux commentaires très obligeants, à propos de la page 01 (Douleurs d'enfants) ainsi que de la page 02 (Le rire médecin) de mon recueil "L'ENFANCE À L'HÔPITAL" et je vous en remercie toutes et tous. Loin de moi la volonté de vouloir surfer sur la vague, mais je publie la page 03 (Entracte magique) afin de clore ce recueil.
J'aurai pu attendre quelque temps pour ce faire, mais ça n'aurait pas de sens de publier la dernière page ne serait-ce que 2 ou 3 mois après. Ce sera donc la conclusion de ces textes, inspirés par une petite enquête que j'ai faite auprès de ces clowns bénévoles et publiée sur un journal associatif en septembre 2007.
Bonjour les enfants ! La grande salle de repos grise de mine, Regardait les enfants malades Essayer de jouer à celui qui n'a pas mal.
Les blouses blanches enveloppaient chacun d'eux D'une bienveillance quasi maternelle. Les infirmières souffraient aussi. Elles souffraient en elles, Pour les parents infectés de questions intérieures Et qu'elles voulaient consoler comme des enfants.
On entendait çà et là , De petits pouffements timides, forcés, Entre les hurlements de souffrance aphone ...
... et puis le silence s'est installé pour de bon. Un grand silence à couper au couteau à beurre ... et puis les visages se sont tournés vers la droite, Comme pendant le défilé des troupes, sous l'œil du général ... et puis de petits souffles étonnés Se sont mis à murmurer ... et puis de petits sourires interloqués Se sont mis à bredouiller ...
... et puis et puis,
Et puis les clowns sont entrés, L'un derrière l'autre. Il y avait l'auguste multicolore Qui mettait de grands coups de pieds, Au derrière des douleurs insistantes Qui voulaient traîner encore un peu Dans le couloir intérieur des petites têtes ébahies.
Il y avait "Monsieur tout blanc", Avec un sourire comme un croissant de lune Qui déguisait la réalité en rêve authentique Et il y avait les compères, Aux chaussures immenses Et aux mains gantées de bêtises enjouées, Qui lançaient de petites pichenettes Aux pleurs qui ne voulaient pas décrocher. | Alors, d'un petit clin d'œil malicieux, Ils ont transformé leur doigt en baguette magique Et tout s'est métamorphosé.
Les pieds à perfusion se sont convertis en poteaux de signalisation Et les sacs de sérum, incompatibles avec l'instant présent, Ont pris l'apparence d'un drapeau autorisant le départ. Les lits à roulettes sont devenus des wagons d'allégresse, Accrochés à la locomotive humaine bariolée Qui entraînait le petit train hors de la vallée de larmes. L'ombre de Peter Pan Papillonnait autour des infirmières enchantées.
De grands éclats de rires Ont maculé les murs tout tristes, Sous le regard sidéré du personnel décoloré Qui n'avait pas encore tout à fait basculé Dans la quatrième dimension enfantine.
Mais qu'importait, Les gosses avaient tous sauté à pieds joints Dans cet autre monde qui faisait oublier les chagrins Et comme il ne restait plus que des éclats de bonheur Pour tout nettoyer du sol au plafond, Pourquoi repeindre les murs en couleur d'anxiété.
Les drames et les chagrins S'étaient endormis au fond d'un grand placard. Pour un instant encore. Les petits ont oublié leur maladie Et le regard baigné de tristesse des parents Pour un moment encore.
Le temps de refaire le plein d'espérance, Le temps de faire savoir au monde Qu'ils étaient toujours des enfants. Allez, au revoir les enfants !
- Arteaga |
D'hier en lendemain, des clowns continuent le spectacle. Jusqu'à …
... jusqu'à toujours. Impossible d'arrêter de faire rire les enfants. Pas avec le souvenir de cette petite fille de trois ans, hospitalisée pour maltraitance. Pas après ce premier insuccès dans la salle de soins. Pas après cet entêtement à vouloir lui faire entrevoir les belles choses de la vie. Pas après cette victoire dans la chambre. Après plus d'une heure et demie de tendre résolution, récompensée par un premier sourire. Par une première esquisse de renaissance.
Recueil : "L'ENFANCE À L'HÔPITAL".
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« La vie n'est supportable que si l'on y introduit non pas de l'utopie mais de la poésie (Edgar Morin) »
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