Premiers pas - (... Ã suivre).
J'étais debout, Prêt à nous quitter pour de bon, Les doigts piaffant d'impatience Et les yeux fixés vers l'inconnu, Cherchant à me dégainer sans faillir Hors de l'étui de ses bras.
J'ai secoué mes tremblements au pied de ses inquiétudes, Puis j'ai lancé tous mes cris en avant. Je n'avais pas encore vraiment peur. Ma mère a dit : «— vas-y, continue sans moi !» Mais ses regards guidaient toujours mes bras désemparés Et son espoir soutenait mes jambes encore imprécises.
Soudain, Je n'ai plus entendu les parfums de ma mère, J'étais tout seul devant moi. J'étais sans elle derrière moi Et pour la première fois, J'ai ressenti l'absence.
J'ai tâté ce grand vide au-devant de nous !
Il me remplissait la gorge et le cœur, Ce grand vide impalpable. Il m'emportait loin de mes aventures à quatre pattes, Loin de mes découvertes en roulés-boulés, Loin de mes maladresses le cul par terre, Loin de mes rires à califourchon.
| Il m'emportait trop loin, Ce vide insupportable. Il m'emportait trop tôt, Cet inconnu encore inhospitalier. J'apercevais beaucoup trop grand devant moi Et j'avais peur de cet abandon que je ne reconnaissais pas. Je ne voyais plus ma mère, Je ne voyais même plus son amour me parler d'infini, Je ne savais pas encore tourner la tête Pour regarder derrière moi. Alors j'ai eu besoin de pleurer Et j'ai piétiné ce très loin qui m'avait perdu. Alors je suis tombé Et j'ai crié. Une fois seulement ! Et puis je me suis envolé Et je me suis laissé retourner, Et je me suis laissé emporter par ces grands éclats de rires. Je me suis laissé faire prisonnier par ces deux bras immenses… … Elle m'avait déjà retrouvé.
- Arteaga |
Nota bene :
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Ma "fois"… sans foi !
En ce qui concerne toutes ces "PREMIÈRES FOIS", je me dois de mettre certaines choses au point. Je n'ai nulle souvenance de ces bonheurs de mère, de ces fiertés de père … et pourtant, j'ai deux parents. Deux géniteurs qui se sont retirés de mon oxygène sentimental pour mieux étouffer le fruit de leurs amours.
Quelqu'un, dont je n'ai plus le nom et je m'en excuse, a écrit ceci sur le web :
« Le "je" est parfois celui d'un autre. La poésie exacerbe la sensibilité et permet de s'approprier, le temps d'un écrit,
le bonheur ou le malheur d'un autre. Même si la douleur ou la félicité n'est pas semblable dans le fait, mais une autre douleur distincte ou une autre joie personnelle différente que l'on a éprouvée et qui a produit les mêmes effets. »
Ainsi dans nombre de mes écrits, difficile de savoir si je transcris ma propre histoire. Dans certains textes, j'y dépose parfois tous les ressentiments de mon âme et dans d'autres, toutes ces joies qui n'ont jamais dépassé mes rêves.
Recueil : "PREMIÈRES FOIS".
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« La vie n'est supportable que si l'on y introduit non pas de l'utopie mais de la poésie (Edgar Morin) »
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