Elle n'était pas la première,
A perdre ainsi sa vie à peine balbutiée
Sans bien l'avoir apprise par cœur.
Une vie toute simple,
Comme une simple joie d'enfant.
Une vie simplement heureuse,
Comme une simple ronde enfantine.
Une vie trompeuse,
Comme une simple spirale insouciante,
Aspirée dans un simple cercle vicieux.
Dans une simple circonvolution meurtrière.
Elle n'est sûrement pas la dernière,
A étouffer ainsi ses rires à perdre haleine
Sans les avoir bien écoutés.
Ni même à percuter sans raison,
La logique mortelle d'une déraison assassine.
Mais c'était celle qui devait me survivre.
Celle qui avait pris la place de mes espoirs
Toujours attachés au cordon maternel.
Une place encore toute chaude,
Que je lui avais laissé en souriant
Dans le ventre duveté de maman.
C'était elle.
C'était la petite dernière,
Le plus gros morceau du cœur de notre famille
Et religieusement étripée sans confession
Par des faiseurs d'anges déchus sans raison.
C'était ma petite sœur.
Maman ne réalise toujours pas.
Mais je crois qu'elle ne veut pas comprendre.
Chaque jour que la mort défait
Elle se faufile entre des perles de plomb
Qu'elle égrène inconsciemment
En allant sans ramper jusqu'à la tombe du petit sourire inachevé.
Là , agenouillée sur des gravats sulfureux, elle gratte patiemment ses larmes rouillées et caresse la terre métallique en chantonnant. Elle doit apaiser le sommeil de la petite. Ne la réveiller qu'à la fin de cette guerre.
Mais… quand ?
- Arteaga