Re: Femmes S.D.F - (Recueil : "FAITS DIVERS, bien trop divers").
Bonjour Arteaga
Merci pour ces témoignages qui ne peuvent que nous interpeller.
Depuis 1995 , date de ton reportage , rien n'a changé mais plutôt empiré et surtout pour les femmes à la rue dont le nombre augmente.
Elles ont aussi des problèmes spécifiques que n'ont pas les hommes.
Encore merci pour elles.
Amicalement
Nat
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"Les menstruations pour les femmes dans la rue sont chaque mois une épreuve à surmonter. Quand on n’a pas d’abri mais surtout pas les moyens d’acheter des protections et de pouvoir se laver régulièrement, les règles qui reviennent tous les mois deviennent problématiques.
Il y a peu de collectes et de distributions de protections hygiéniques féminines. D’après les associations, le Samu Social et les centres d’accueil, le constat est alarmant : il y a un cruel manque sur le terrain. « C’est un besoin constamment renouvelé et qui n’est absolument pas pris en compte.”
Elles utilisent alors de vieux t-shirts qu’il n’est pas pratique de changer régulièrement, cela aggrave le problème d’hygiène.
À ces problèmes de santé spécifiques aux femmes s’accumulent toutes les autres difficultés liées à la vie dans la rue :
– problèmes dentaires– maladies de peau– troubles psychiatriques– plaies et coups liées à la violence– parasites : poux….."
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--"Il faut savoir que l’accès à la propreté est compliqué pour les sans-abri. Beaucoup de structures existent mais elles sont souvent surchargées et il y a parfois besoin de papiers d’identité et de bons sociaux pour y accéder, ce qui complique l’accès pour beaucoup de personnes SDF.
Ils peuvent alors se laver dans les bains publics ou les fontaines mais sans savon, le nettoyage est superficiel. De plus, le simple fait de se dénuder dans un endroit public est illégal, et passible d’amende. Ce manque d’hygiène intime est plus qu’un problème d’odeur ou d’inconfort, cela concerne véritablement la santé. En effet, il est à l’origine de maladies et d’infections type eczéma champignons, ou mycoses..."
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TĂ©moignage de PATOCHE
""Patoche, comme elle a voulu être appelée, a vécue de nombreuses années à la rue, avant d’être responsable d’une structure d’hébergement en région parisienne pour des jeunes qui essayent de quitter la rue. Elle témoigne …
« Plusieurs choses me viennent à l’esprit. Tout d’abord, la rue est pour moi le dernier lien avec la vie avant la disparition. Lorsque plus rien ne vous retient à l’intérieur de la société, ni le travail, ni la famille, ni la situation sociale, alors beaucoup vont regarder de l’autre côté de la société, à l’extérieur, à la rue, comme pour mettre en stand-by un suicide.
La rue attire par ses aspects de liberté, d’aventure, mais surtout avec l’illusion de la rencontre possible avec d’autres. L’absence de cette rencontre avec les autres est souvent ce qui conduit à la rue. La rencontre est un révélateur puissant pour chacun. Sans rencontre, pas de reconnaissance, pas de réalité, pas d’existence possible. Beaucoup dans la rue n’ont pas eu cette rencontre avec leur famille d’origine. La rencontre construit, fortifie. Son absence détruit.
Sortir de la rue, c’est pouvoir se dire : je suis. Cela peut paraitre facile, mais c’est le résultat d’une longue construction de notre être à travers le regard, le toucher des autres. Beaucoup n’ont pas eu cette chance au départ… Pourquoi travailler lorsque personne ne compte sur vous ? Pourquoi arrêter de boire lorsque personne ne vous aime ? L’être humain n’est pas spontanément animé. Il a besoin de forces de vie pour combattre les forces de la mort. Une des principales sources de vie, ce sont les rencontres avec les autres qui m’aiment, me le disent, me demandent des services, toutes ces choses de la vie quotidienne pour la plupart, mais qui restent inaccessibles pour beaucoup d’autres.
La vie est un échange. Quand il n’existe plus, la vie disparait doucement sans faire de bruit. Les personnes à la rue ont faim de nous et nous leur donnons du pain. Il faut résister à la tentation de faire pour se donner bonne conscience et se donner soi-même pour leur permettre de pouvoir re-croire, re-naître, re-vivre ».
Patoche""
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Les haillons de l’amour ne se reprisent pas .
Nataraja.