Sur les pas des anciens - (... Ã suivre).
Citation de Georges Clemenceau :
« - La guerre ! C’est une chose trop grave pour la confier à des militaires »...
... se plaisent encore à dire les politiques.
19 MAI 1998 : Résident de cette petite ville de province, je suis ce matin là devant le monument aux morts. Un monument érigé pour commémorer et honorer les soldats morts pour lapatrie. Son doigt pointé vers le ciel, il est fier, immobile. Devant ce parterre de notables qui papotent de choses et d'autres avant la cérémonie. Il y a le représentant du préfet, placé au milieu. Avec, posés alternativement à sa droite puis à sa gauche, le député, le sénateur, le président du Conseil Régional, le président du Conseil Départemental, le maire, le président de l’association d’anciens combattants, le président de l’établissement public de coopération intercommunale, le délégué militaire du département, le représentant de la gendarmerie et...
... et derrière tout ce grand "petit monde" semblant être là par obligation, un groupe d'anciens combattants. Parmi eux, je remarque un vétéran médaillé qui grimace et murmure en son for intérieur. Je le sens prêt à s'exclamer "fort et clair", sûrement choqué de la situation empreinte d'une sourde nonchalance. Alors je m'avance vers lui en le regardant droit dans les yeux et après avoir respectueusement salué mon frère d'armes, je lui dis ...
Allons tais-toi, l'ancien ! Ils balaient de ta foi, Tous ces forfaits commis au saint nom de leur loi Et ne pardonnent pas, pour pouvoir se mentir. Pour savoir ton destin il faut le revêtir... Glisser entre les feux d'une mort qui attend Celui qui fait l'erreur de vivre à bout portant, Choisir de suivre un chef plus loin que la confiance, Se perdre dans ces champs parfumés de violence,
Louer sa provenance au prix d'un vœu sincère Et sans renier les siens, d'un élan mercenaire, Offrir sa vie sans nom pour dénouer l'étreinte D'une patrie choisie au son de sa complainte,
Se retrouver souillé à côté d'un copain, Venu mourir aussi dans ce "chez-lui" lointain, Sans pouvoir s'expliquer les revers de mépris De tous ces "non-violents" terrés sous leur pays. Mais tais-toi donc, l'ancien ! Personne ici ne croit En cette loyauté empalée sur ton choix, La peur du sacrifice accepté en leur nom Repousse ton honneur du pied de leur pardon, Car ils ne cherchent pas "Pourquoi toujours la guerre" Et ils n'apprennent pas comment ne plus la faire, Car ils ne trouvent pas "Comment vouloir la paix" Et ne pardonnent pas de savoir que tu sais.
Bien avant ton retour, le fruit de ta victoire A nourrit leur délire en volant ton histoire Et pour expier leur joie ils sèment leurs injures, Pendant que tu vomis tes dernières blessures. | Ton flot de citations fait gonfler leurs tempêtes, Sabordant sans merci la fierté de ces têtes Qui se sont éclatées dans la pluie métallique Pour t'ouvrir le chemin d'une paix famélique. Alors tais-toi, l'ancien ! C'est toi qui dois comprendre, Celui qui te renie en hurlant pour te vendre, Celui qui te conçoit pour t'allouer sa place, Celui qui t'a payé pour s'offrir ta disgrâce. Tous ces faiseurs de paix ont besoin de ta guerre, Mais loin de leurs aveux, cachés cent pieds sous terre. Alors on te propose un contrat à rebours, Permettant l'alibi pour mieux damner tes jours.
Il faut un seul coupable une fois terminé, Justifier aux médias ce plein d'atrocité, Pouvoir se libérer de tes révélations, En épinglant la faute au cœur de tes actions. Ne dis plus rien, l'ancien ! Tu dois penser surtout A ceux qui croient encor à ce fier rendez-vous, Ayant moins que la vie à perdre en saluant, Pour vaincre en un pays où pleurera leur sang ! LEGIO PATRIA NOSTRA
- Arteaga |
Recueil : "MORE MAJORUM".
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« La vie n'est supportable que si l'on y introduit non pas de l'utopie mais de la poésie (Edgar Morin) »
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