La terrasse
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Gaudissard vous accueille, passez par la terrasse,
Sorte de belvédère au fronton d’un palace,
Inondée de soleil, quelques chaises éparses,
Ce n’est pas le Carlton, mais Molines en Queyras.
Quelques chiens divaguent, ni policiers ni d’chasse,
Gardant d’un œil ce lieu que rien ne cadenasse.
J’y contemple serein les nuages qui passent,
Deux stratus en vadrouille qui me font la grimace,
Quelques nimbus armés jusqu’aux vents se pourchassent,
Imitant en cela Horaces et Curiaces.
Un cumulus nous livre sa dernière dédicace,
Avant de disparaître derrière une crête, fugace.
Le soleil au zénith, sur le cadran d’en face,
Sonne l’heure du pastis, du petit vin d’Alsace.
Ce soir il faudra bien que le soleil décroisse,
Sortir de son sauna, les jambes un peu mollasses.
Parler de sa rando, forĂŞt ou bien caillasse,
Lever les yeux au ciel pour le vol d’un rapace.
Aragon disait dans une de ses paperasses,
« la vie, ce voyageur, laisse traîner bonasse,
Son manteau derrière lui, pour effacer ses traces. »
Mais quand viendra l’instant de ma dernière angoisse,
Celui où l’on ne peut, hélas, faire volte-face,
J’aimerais, c’est idiot, que ma très vieille carcasse
Aille voir si d’là -haut, j’aperçois ma terrasse.
ROBERT Eté 97
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"quand tu arrives en haut de la montagne, continue de grimper" (proverbe tibétain)