Spleen de fin de semaine ! - (Recueil : "MON JOURNAL").
« En fait, un journal intime, c'est fait pour être lu : On le cache mal
en espérant que quelqu'un le trouvera. (Agnès Desharte) »
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EXTRAIT DE MON JOURNAL INTIME (janv. 2004).
Je ne sanglote pas longuement
Comme les violons de Verlaine.
Mais la langueur monotone est bien lÃ
Et s'insinue dans tous les pores de ma peau.
En France les grandes villes de province, notamment les agglomérations de plus d'un million d'habitants et plus particulièrement notre capitale, dans laquelle j'ai longtemps résidé, regorgent d'activité. Une agitation fébrile qui ne se dément pas... du lundi au samedi.
Je hais les dimanches et ce, depuis bien longtemps. Depuis le texte écrit par Charles Aznavour et chanté par Juliette Gréco, lui permettant ainsi de remporter le « prix Édith-Piaf d'interprétation » au concours de Deauville le 23 août 1951. Simple coïncidence. Car à ce moment-là , affublé de seulement 952 jours d'existence, je n'écoutais pas vraiment la radio et nous n'avions pas encore la télé.Pourtant, je haïssais ces dimanches matin.
Ces jours qualifiés de festif au cours desquels
Mon père me conseillait de ne plus faire de bêtises
Et ceci, Ã grands coups de ceinturon dans le bas des reins.
Méthodiquement, réglementairement, hebdomadairement.
Systématiquement.
Je haïssais ces dimanches après-midi
Au long desquels on m'emmenait promener,
Régulièrement, invariablement, immanquablement,
Dans ces interminables allées du Bois de Boulogne
Celles du Parc des Buttes Chaumont ou encore,
Dans les allées bétonnées des Champs Élysées.
Mais promener seulement.
Tout vêtu de ces habits réservés à ce jour faste
Et qu'il ne fallait pas salir sous peine de sanctions.
Pas même en jouant comme un enfant.
Ces grandes agglomérations
Offrent tout ce que l'on peut désirer.
Mais juste durant la semaine.
Pas le dimanche.
Ce jour là , le désert citadin reprend ses droits.
Il n'y a que les lieux de restauration
Et les débits de boissons
Pour témoigner de l'existence d'une certaine forme de vie.
A la périphérie de ces lieux d'agglutination,
Les rues sont désertes.
Ce jour là , la vie repose… en paix.
Fini ces festivités, jadis organisées pour fêter le dimanche comme il se doit. Ces moments où l'on se rencontrait, où l'on se parlait, où l'on dansait. Ensemble. Simplement pour se connaître ou se reconnaître. Il n'y a pas si longtemps de ça. Mais aujourd'hui tout est terminé. Tout se passe à l'intérieur des stades, des P.M.U, des cinémas et autres lieux de réjouissances payantes et cloîtrées. Tout se passe à l'intérieur de l'extérieur de chez soi. En laissant la rue vide de tout ce qui fait la vie.Non !
Je ne sanglote pas longuement
Comme les violons de Verlaine.
Mais la langueur monotone est bien lÃ
Et s'insinue dans tous les pores de ma peau.
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« La vie n'est supportable que si l'on y introduit non pas de l'utopie mais de la poésie (Edgar Morin) »
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