Nous envisageons,
Mais sans jamais chercher à croire
Plus loin que la portée d'un fusil
Et dans notre ciel en acier trempé,
Là où gambadent en liberté
Des tonnes et des tonnes de chevaux de frise,
Nos rêves barbelés en peur inoxydable,
S'accrochent en hennissant
Dans la fumée des explosions fougueuses.
Alors, repoussés jusqu'en des tranchées larmoyantes, nos sursis fatigués de vains recours en grâce s'accrochent avec mollesse aux guêtres des secondes incorruptibles. Pour essayer de s'arrêter de moins en plus loin.
Et pour tuer nos instants écarlates,
Patiemment épargnés goutte à goutte,
On compte les obus qui n'assassinent pas.
C'est beaucoup plus facile
Pour nos pauvres têtes embrumées,
Car il y a très peu de maladresses.
Pour les autres boulets rouges,
Les meurtriers,
La folie se charge de les calculer.
Elle en a l'habitude, la folie.
Alors la vie passe et repasse,
En cherchant à se passer de nous…
Perdus au milieu de ce jeu de quilles branlantes,
Nous essayons d'éviter les engins gagnants.
Sans trop d'illusion.
Notre invivable vie moribonde
Ne servant plus qu'à justifier notre mort.
Mais personne n'écoute le bruit de mes larmes, comment pourrais-je faire entendre les déjà vieux espoirs de ma vie ?
- Arteaga