Amélie s'était levée avant d'être bien réveillée,
Puis elle s'était élancée à tâtons
En suivant les rires qui carillonnaient dans sa tête.
Non !
C'était plutôt dehors.
Quand les sonneurs du dimanche
Montaient et descendaient à toute volée,
Accrochés au long ruban de leur grelot gigantesque.
Amélie savait pourquoi c'était jour de fête.
Des mains austères aux doigts croisés par la réflexion
Le lui avait expliqué trop minutieusement.
Comme pour désenchanter l'instant de cet aujourd'hui,
Fourré de milliers d'œufs multicolores.
Pâques,
C'est la célébration…
C'est la résurrection… Notre Seigneur… crucifixion… etc.
Mais ce matin,
Tous ces mots ne voulaient plus résonner
Dans les yeux chocolatés d'Amélie.
Alors,
Elle s'était enfuie de sa chambre,
Hors de tous ces mots inquiétants
Et graves comme un jour sans cocotte en chocolat.
Pâques,
C'était tout ce qu'ils voulaient que ce soit.
Mais c'était surtout la fête.
Celle où l'on s'amuse avec les parents complices
Et pour l'instant,
C'était sa fête à elle.
Alors,
Sans penser plus loin
Que le bout de son nez gourmand,
Elle était sortie.
Sans se débarbouiller,
Sans dire bonjour,
Sans déjeuner.
Et surtout,
Sans oublier de rire aux éclats.
A en faire dresser tous les œufs bariolés,
Sur la tête du jardin piétiné avec malice.
- Arteaga
(Recueil : "CÉLÉBRATIONS")