Je m'étais endormi dans les peurs de l'absence,
A mon éveil j'ai vu l'ombre de sa présence.
Ma nuit s'est murmurée dans l'ombre ensoleillée,
Elle a dormi en moi. Je l'aime. Je l'ai fleurée.
En renversant mon bol j'ai voulu essuyer,
Mais je me suis repris quand j'ai vu s'ébaucher
Dans le marc de café répandu sur ma crainte,
Cet augure apaisant formé par son empreinte.
Devant mon lavabo emperlé de vapeur,
S'écarquillaient mes yeux voyant avec stupeur
La bruine ruisseler en laissant percevoir
Son image esquissée sur le tain du miroir...
Je suis au rendez-vous, elle n'est pas encor lÃ
Et le trottoir piétine au rythme de mes pas.
J'essaie de résister hors d'un reflux narquois,
Je pense à sa promesse, « il sera notre fois. »
Et le temps prend son temps faisant un grand détour,
Recompte mes cent pas à chaque demi-tour.
Des regards amusés soulignent mon attente
Et je cherche alentour une ombre rassurante.
Tant et trop de questions au cadran de ma montre
Ou trotte un lent soupir autour de la rencontre.
Mais l'heure a résonné sur le bout de mes doigts,
Sans perdre une seconde, au loin je t'aperçois.
Tu viens en souriant, tout affamée d'espoir,
Prête à nous dévorer la vie à plein vouloir.
Je vais mourir de nous, pour m'offrir en exemple
Et me ressusciter, t'emmurer dans un temple.
Mais ce n'est qu'un je t'aime imagé de folie.
Je ne veux surtout pas figer l'air de ta vie,
Dans le ciel verrouillé d'un bout de mappemonde.
Je veux vivre de toi aux quatre bouts du monde !
- Arteaga
(Recueil : "AMOURS PASSÉES, dépassées")