Le p'tit Paul avait mal de pouvoir encore pleurer.
Ça lui faisait mal de savoir crier.
Plus mal que tous les coups reçus
Au nom du père,
De la terre
Et de tous les saints jurés,
Il ne savait Dieu pourquoi.
Celui qui lui avait prêté son sang le battait.
Comme on tape du poing sur la table,
Comme on claque une porte,
Comme on se cogne un dernier verre.
Il le frappait,
Comme on caresse un chien.
Le p'tit Paul était pourtant sûr que l'amour existait.
Il en avait senti les caresses d'écume veloutée
Alors qu'il flottait encore dans l'océan maternel,
Du temps où son temps voguait dans la tendresse.
Le p'tit Paul ne savait pas que l'orage guettait,
Au seuil du propylée originel.
Mais depuis le premier éclair babillard
Tombé sur son derrière encore trempé de sueur utérine,
Il l'entendait crépiter à tous vents.
Après tant de jours acceptés,
Pour en arriver à vomir ses cinq ans dans l'inutile,
Le p'tit Paul ne voulait plus se protéger.
Entassant ses larmes roulées en boule
Tout au fond de sa tête inondée de douleur,
Il voulait s'endormir trop longtemps
Dans une ombre de lune,
Pour ne plus espérer le retour du soleil.
Il voulait juste pouvoir se noyer à jamais,
Dans le grand bleu maternel
Qui flottait de nouveau dans ses pensées naufragées.
Il voulait simplement retrouver sa maman,
Morte de l'avoir fait vivre.
Aujourd'hui,
Le p'tit Paul voulait lui offrir ses cinq petites années,
Chichement ligotées par son avenir filiforme.
Tout comme on offre un bouquet de roses à l'être adoré.
- Arteaga
(Recueil : "DOULEURS")