Le foulard de Fatma
J'étais étudiant, Fatma était fille au foyer, belle, respectable, honnête. Chaque vacance, j'avais un rendez-vous avec les signes de son foulard, de ses foulards. Depuis, je suis devenu aède et je n'ai pas oublié Fatma. Preuve à l'appui, le poème qui suit:
Il danse sous le vent frais,
Le beau foulard de Fatma
Comme bougent les longs mâts,
Et il ne marque d'arrêt.
Même de très loin, il hèle,
Passionné alerte cœur,
Et il change de couleurs.
L'œil cache mais lui révèle.
Rouge passion le matin
Et Fatma est amoureuse;
Sa petite âme est heureuse,
L'écharpe hisse son teint.
Parfois le foulard est gris,
Houri semble déprimé
Et rien ne doit primer,
Regard éteint, corps maigri.
Devient jaune le châle
Et la pucelle est jalouse,
Va-et-vient sur la pelouse!
Sont capricieux tous les mâles.
Artiste de mise en scène,
Elle invente, la gazelle
Devenue toujours plus belle.
Son amour n'admet de haine.
Et Fatma s'est mariée,
Place pour d'autres foulards
Qui n'ont de charme criard,
C'est comme pommes avariées