Je sais, faut aller de l’avant
Toujours regarder droit devant
Prendre le verre à moitié plein
Qui porte l’espoir dans ses mains

Mais ce soir, je laisse cours
A ma mélancolie du jour
A mes souvenirs d’une vie
Depuis longtemps évanouie

Je regarde mes dix doigts
Qui tremblent ô maladroits
Entre ce mégot malhonnête
Et cette plume désuète

J’aurai envie de te dire
Que ça fait du bien de sourire
Que le plus sombre crépuscule
N’est qu’un mensonge minuscule

Te dire que les petits bonheurs
Sont les pansements du cœur
Et si j’y crois au fond de moi
Ça me paraît pourtant si froid

Avec le temps va, tout s’en va
Mais les larmes coulent parfois
Tous les barrages de façade
Peuvent aussi tomber en rade

Les chemins d’où qu’ils viennent
Nous conduisent vers des peines
Ce n’est pas toujours facile
De marcher sur le maigre fil

Qui relie tous les mondes
Et ce à chaque seconde
Et si je ne suis funambule
Il faut accepter la bascule

Oui, faut regarder en avant
Mais ce soir se lève le vent
L’enfance, l’absence, le rêve
Se dissipent sur la grève

L’heure, je crois, est à la trêve.


Loïk Perrin