• LES COMMENTAIRES :
- C'est vrai au fait. Où donc est passée L'INTRIGUE ? C'est elle qui a toutes les précisions.
• RÉALITÉ :
- Pourquoi ! Pourquoi ! C'est ça, ta réponse ?
Je sais très bien ce que tu prépares.
Une sorte d'analyse de ta personnalité.
Mais visiblement avec l'intention de nous laisser de côté.
Rappelle-toi que tu m'as demandé du jour au lendemain
De consentir à une petite séparation temporaire.
Pour réfléchir, selon toi. Mais à présent,
Tu veux nous laisser patauger dans le caniveau de tes oublis.
Moi et tes propres garçons… Grrrr...
Et tu oses me demander pourquoi je suis en colère !
... Grrrr... reprend-t-elle en bradant son deuxième souffle.
• LES COMMENTAIRES :
- Comme on dit chez-nous, chassez le naturel et il revient avec ses marmots.
• RÉALITÉ,
Entamant son troisième souffle :
- Ah, je comprends maintenant.
Tu n'as reconnu tes enfants que par obligation génétique.
Il t'est pourtant souvent arrivé de rire avec eux
Mais en fait, tu ne les aimais pas vraiment.
Aujourd'hui tu voudrais bien oublier
Tout ce qu'ils ont pu t'apporter de positif
Et que tu as pris sans jamais discuter.
L'aîné, par exemple : Instable.
C'est pourtant grâce à lui que tu peux décider,
Sans vraie raison je te l'accorde,
D'effacer tout les plans d'avenir que tu dessines.
De crouler au fur et à mesure tous tes projets
Bâtis sur des vouloirs que tu veux inachevables.
C'est parce qu'il est en toi,
Que tu peux aller librement vers nos ailleurs.
T'exiler n'importe où en te sentant chez nous.
En suivant consciemment une étoile imaginaire.
C'est parce qu'il est toi,
Que tu peux bâtir des mondes en Sable mouillé,
Vite affaiblis par ces vents prévisibles
Qui assèchent trop rapidement tes soifs
D'enfin construire notre vraie vie.
Des mondes que notre petit Instable,
S'est usé à piétiner chaque fois, pour ne pas te perdre
Dans la monotonie d'une rancœur jamais dépassée.
C'est bien lui aussi qui t'a stimulé pour réussir à ne jamais aller
Jusqu'à tous ces bouts d'existence sans véritables commencements
Ou du moins, pour t'aider à t'enfuir avant leurs conclusions.
Lesquelles menaçaient ton impossible liberté,
Enracinée dans des ressentiments inébranlables.
C'est encore lui qui t'a offert l'envie de ne pas avoir d'envies
De rester où que ce soit, plus longtemps qu'une peur d'aimer être là .
A cette époque, tu le faisais bien sauter sur tes genoux,
Cet enfant que tu veux murer dans un souvenir étanche.
Tu t'amusais même à provoquer ses réactions destructrices.
N'ais-je pas raison ?
• LES COMMENTAIRES :
- L'AUTOPORTRAIT commence à légèrement s'affaisser.
• RÉALITÉ,
Décidément contrariante :
- Oh, tu peux bien hausser les épaules.
Je sais que tu n'aimes pas que l'on te fasse la morale.
Seulement aujourd'hui, il va falloir supporter ma présence
Tout le temps qu'il faudra. Afin que l'on s'explique pour de bon.
Même si ça dérange ce que tu voudrais bien penser de toi.
• L'AUTOPORTRAIT :
- "… ? ...",
... remarque-t-il tout d'abord avec hardiesse,
Devant l'exclamation de RÉALITÉ.
"… ! ...",
... répond-t-il ensuite en essayant d'adopter un air marri et sans voix.
• L'excuse :
- A sa place, j'essaierai plutôt de prendre un air ravi et sans moi.
L'ensemble, accompagné de quelques phrases moins inaudibles
Et un peu plus percutantes. Parce que j'ai bien l'impression
Que la RÉALITÉ est venue pour parler peinture
Et sans doute, lui refaire le PORTRAIT. Mais à sa manière.
• L'AUTOPORTRAIT,
Saisissant l'excuse au vol ainsi qu'un sourire de mari attentionné :
- Mais vous ne me dérangez pas du tout.
Au contraire, je trouve ça très gentil de ta part.
C'est une très belle surprise que vous me faites là .
Figure-toi que j'allais justement t'appeler
Pour te demander un petit coup de pinceau.
• RÉALITÉ :
- Ah, vraiment ! Enchaîne-t-elle, très ironique.
Je m'en suis bien doutée et c'est pourquoi
Je suis venue avec mes plus belles couleurs.
Afin de remercier tes gentilles petites pensées grisâtres
Pour avoir mis en lumière leur chaleureuse invitation.
• L'AUTOPORTRAIT,
Pas très convaincu du ton aigre-doux employé,
Mais faisant comme si :
- C'est vraiment très, très gentil à toi d'accepter de m'aider.
• LES COMMENTAIRES :
- Bon, maintenant que tout le monde est gentil, si l'on passait aux choses sérieuses. On a déjà hâte d'en finir avec cette histoire à dormir assis.
- Arteaga