J'ai 14 ans
Et je m'appelle : 13/01/2064.


Et pourtant ils cherchent, jour après jour.
Pas un emploi en "or", ni même en "argent".
Non ! Juste un emploi en "papier froissé",
En "menue-monnaie" dissonante et trébuchante.

Cela dit, mes parents n'ont pas vraiment choisi l'inutilité,
Comme sombre moyen d'exister dans la pénombre du temps.
Ni même cherché à cacher leur démission poussiéreuse
Dans les recoins insalubres de leur réalité.
Pas même voulu se suicider à l'erreur,
Pour finalement se réincarner
Dans une lourde précarité congénitale.

Leur malchance à eux,
C'est une inactivité contagieuse,
Transmise par la fatalité de leurs propres parents.

Leur misère à eux,
C'est une sélection maligne et sournoise,
Propagée par les éternuements glaireux
D'une saleté de vie qui les a pris à la gorge.

Impersonnellement,
J'ai commis la faute d'être porteur des mêmes gênes.
Innocemment,
J'ai accepté la faute d'être en plus un petit-fils de chômeur.
Imparablement,
J'ai admis être un non-travailleur chronique,
Depuis déjà deux générations et quelques.

Alors, on va me retirer de cette autre vie,
Structurée par les faiseurs de pauvres
Et me condamner sans remise de peine,
A traîner le long mes désillusions inaccomplies.

Du bout de mes galoches éventrées,
Je vais labourer les besoins de l'impossible.
Pour semer mon existence improductive
Au milieu des poubelles débordantes de mes envies rejetées.

Je vais resquiller la place du mort,
A bord de cette autre vie qui roule à côté de la mienne
Et je vais laisser bourgeonner ma vie
Hors de mon arbre généalogique dénaturé,
Pour ne pas avoir la chance de transmettre mon nom.

Chaque jour,
J'ankyloserai mes sursauts affamés.
Agenouillé sur un prie-gueux
Réservé aux âmes en sursis.

Chaque soir,
Je me dénuderai de tous mes orgueils quotidiens.
Pour ensuite me recouvrir de l'épais bitume nuiteux,
De ces quelques sombres trottoirs
Que l'on voudra bien me prêter.

Et chaque matin,
A L'heure où se raidiront mes secondes,
Régulièrement givrées par un désespoir journalier,
Je fuirai pour me fondre dans ces rues injurieuses.
Jusqu'en ces endroits où mon tout dernier privilège,
Sera mon droit de respirer le silence éclatant de la foule.

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• Page 01 : Ixième siècle, le constat.

• Page 02 : L'enfant du quart-monde.

• Page 03 : L'enfant des sursis temporaires.

• Page 04: L'enfant des larmes ensanglantées.

• Page 05: L'enfant des inégalités.

• Page 06: L'enfant des prédestinations.

• Page 07: L'enfant des sentiers sans issues.

• Page 08:  L'enfant des trottoirs solitaires.

• Page 09: 2150, L'enfant de L'avenir perdu.

• Page 10: Ã‰nième siècle, derniers cris d'enfants.