J'ai 14 ans
Et je m'appelle : 13/01/2064.
Je suis l'enfant de parents au foyer. Une mère qui cherche à se sentir utile en dehors de ses tristes tâches ménagères. Un père qui ne peut ou ne sait pas trouver de quoi rentrer fièrement à la maison.
Et pourtant ils cherchent, jour après jour.
Pas un emploi en "or", ni même en "argent".
Non ! Juste un emploi en "papier froissé",
En "menue-monnaie" dissonante et trébuchante.
Cela dit, mes parents n'ont pas vraiment choisi l'inutilité,
Comme sombre moyen d'exister dans la pénombre du temps.
Ni même cherché à cacher leur démission poussiéreuse
Dans les recoins insalubres de leur réalité.
Pas même voulu se suicider à l'erreur,
Pour finalement se réincarner
Dans une lourde précarité congénitale.
Leur malchance à eux,
C'est une inactivité contagieuse,
Transmise par la fatalité de leurs propres parents.
Leur misère à eux,
C'est une sélection maligne et sournoise,
Propagée par les éternuements glaireux
D'une saleté de vie qui les a pris à la gorge.
Impersonnellement,
J'ai commis la faute d'être porteur des mêmes gênes.
Innocemment,
J'ai accepté la faute d'être en plus un petit-fils de chômeur.
Imparablement,
J'ai admis être un non-travailleur chronique,
Depuis déjà deux générations et quelques.
Alors, on va me retirer de cette autre vie,
Structurée par les faiseurs de pauvres
Et me condamner sans remise de peine,
A traîner le long mes désillusions inaccomplies.