Il fait froid au soleil quand le sang de l’hiver
Coule en peine perdue dans les couloirs du temps.
Dans la forêt recluse on entend le pivert
Perforer le silence en notes à contretemps.
Un cor de chasse au loin ravive les rancœurs
Et les flots en courroux des peuples asservis.
O ! liberté chérie laisse au loin les truqueurs,
Ils doivent abandonner ces sociétés couvis !
Sont-ils au paradis de la déconvenue
Lorsque brûle les rêves des enfants vieillards
De la main assassine aux loueurs de milliards
Des membres calcinés aux guerres entretenues ?
La rivière est connue pour apaiser les âmes
Des poissons suffocants et des belles Gorgebleues.
Il suffit d’adjurer à ces brisants infâmes
De laisser la folie s’emparer des eaux bleues.
Je les voudrais vivants, ces squelettes endormis
Qui, dans leur lassitude gémissent en mordant
De leurs chicots tremblants le seul sursis permis,
L’unique vraisemblance à ce jeu discordant.
Coulent souvent les larmes des bibliophiles
Sur la terre rougie du sang des alphabètes
Ecrivant de leurs ongles noircis, des idylles,
De naïves églogues aux odeurs de bobettes.
Tournez en paix jolies planètes colorées
Que la main d’un artiste a su rendre joyeuses.
Oubliez ces masques, ces personnes abhorrés
Que l’abscons anobli, coteries aboyeuses.
Un hiver sans glace est un espoir aux abois,
Un printemps sans fleur, un amour à abandon.
Seul le vrai courage peut défier le mort-bois,
Les obscurantistes attisent le brandon !
La terre a le soleil pour ami débonnaire.
A l’océan taquin de semer les querelles
Entre les poissons nus au mythe sanguinaire
Et les grands les oiseaux fiers à berner les girelles.
Si douce soit la brise au petit matin blanc,
Les fantômes raidis sur leur lit de rubis
Font des rêves sanglants d’un vermeil rutilant,
Où l’or et les diamants leurs donnent des lubies.
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