Le p’tit Luc m’avait dit: « Y’a pas qu’ça dans la vie! »
Du haut de ses trois pommes, le p’tit Luc m’avait dit
De brûler mes cahiers, mettre un peu de beauté,
Il avait p’t’être raison mais j’l’ai pas écouté.
Après il a grandi, le p’tit Luc révolté
Est parti au collège pour se faire virer,
En gueulant aux adultes que c’était pas sa faute
Si l’école pour apprendre avait besoin de notes.
Je l’ai croisé un jour dans les rues de Paris
Avec dans le sourire tout ce qu’il m’avait dit
Et je l’entends encore me jeter ces mots là :
Tu sais, l’indignation fait le jeu des bourgeois!
Tu sais, il est heureux le p’tit Luc comme ça:
Deux trois bières à la main et des vers dans la voix,
Il Ă©crit sur les murs que ses yeux ne pleurent pas,
Si tu le connaissais tu pleurerais, je crois.
De voir que c’est possible de l’autre côté,
Lui il gagne pas d’argent, il s’en fout de gagner,
Il préfère respirer, le cœur dans les poumons,
La maison du p’tit Luc, c’est celle de l’horizon.
Alors j’y suis r’tourné et j’lui ai demandé,
C’est à toi de m’apprendre, dis-moi comment tu fais?
Le p’tit Luc a rien dit, il m’a juste souri.
Et depuis ce jour lĂ , on est devenu amis.
Il m’a fait visiter sa somptueuse demeure,
Il m’a même invité à partager son cœur,
Y’a tellement d’amour dans le cœur du p’tit Luc
Qu’on dirait qu’en mon cœur, en fait, il manque un truc…
Le pouvoir d’entrevoir au-delà de ma vie,
« Les journées sont pour ceux qui ont peur de la nuit »
Qu’il m’a dit le p’tit Luc, deux trois bières à la main,
« Et les nuits sont pour ceux qui craignent le matin. »
Lui il ne craint personne, ni la nuit ni le jour,
Il aime tellement les gens que les gens en retour
L’appellent le p’tit Luc, p’tit frère de la Bastille,
Depuis qu’il les connaît, les gens sont sa famille.
Ce qui coule dans le sang du p’tit Luc aujourd’hui
C’est ce que vulgairement, on appelle Eau-de-vie,
C’est l’ivresse naïve, la soif d’échanger
Contre une pinte ou deux, un peu d’humanité.
À ta santé mon frère, la santé de la vie!
Tous les humains du monde s’appellent comme lui!
Le p’tit Luc est parti en laissant des petits,
Tout un monde rempli de ce qu’il m’avait dit…
Il m’avait dit le coeur, il m’avait dit Beauté,
Il m’avait dit la vie, je l’aime à en crever!
J’veux sa main dans la mienne et tant pis si j’en meurs,
Depuis qu’il s’est tiré ouais c’est l’amour qui pleure!
Le p’tit Luc m’avait dit: « Y’a pas qu’ça dans la vie! »
Du haut de ses trois pommes, le p’tit Luc m’avait dit
De brûler mes cahiers, mettre un peu de beauté,
Il avait p’t’être raison… Pourquoi pas l’écouter ?
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"Le monde a soif d'amour : tu viendras l'apaiser." A. R.