Comme on meurt dans les rues de nos Champs Élysées,
Le cadavre inconnu d’une triste poupée
A la peau mendigote, au sommeil insipide,
Elle tient dans la main un verre à moitié vide.
Elle dort. Étendue, bras tendu aux passants
Qui passent comme moi, comme on passe devant
Une simple vitrine - Aujourd’hui tout s’achète -
La misère en deux mots: Galeries Lafayette.
Là . Si même la vie, fortune de malheur,
Vend la chair à crédit aux enchères du cœur
Pour un pas trop pressé, à vouloir consommer,
C’est la vie en personne que l’on va consumer!
Et ces gens tout autour puis moi, parmi les gens,
Qui ne vaut pas mieux qu’eux, pitoyable passant!
Qu’ai-je fait pour l’aider? Un poème imposture
Ayant pour ambition de finir aux ordures!
Ignoble indifférence où pour se rassurer,
On la voit travailler pour un autre banquier,
Un réseau gouverné par les pires gangsters.
Putain regardez-la! Elle est couchée par terre!
Bel aveu d’impuissance au point d’être indigné
Par ma propre torpeur devant l’immensité
D’un combat condamné à laisser sur le bord
D’autres gens (Quelle honte!) triste offrande à la mort.
Quelle honte! Être humain dont le cœur a perdu
Son amour au profit d’un avoir dépourvu
De beauté. Que c’est laid…. Mieux vaut donc écourter
Les griefs d’un passant qui n’a fait que passer.
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"Le monde a soif d'amour : tu viendras l'apaiser." A. R.