Mon écritoire

Chaque jour suffit sa peine, même la nuit
Je n’arrive plus à faire la différence
Car à mon âge compter les heures m’ennuie
Présentement pour moi plus rien n’a d’importance.

Mes projets sont tombés au puits des extinctions
Même dans la plénitude de ma mémoire.
C’est fini, il me reste que l’abnégation
Mon unique richesse étant mon écritoire.

Je rêve de m’abandonner dans la nature
Me perdre dans un monde sans hypocrisie.
Pour tout le reste, moi je m’en fous, j’en ai cure
Cela fait longtemps que tout m’a été saisi.

L’amour de la vie égal la vie d’une fleur
Pâture de nombreuses âmes sur la terre.
Moi, j’ai apporté, à l’instar des enjôleurs
Tous les pistils de l’amour comme argumentaire.

Aujourd’hui, j’écris ma peine de ne pas être
Sur le registre des élus au grand voyage.
Le moment est venu pour moi de comparaître
Par devant tous mes pères au royaume des sages.

Je me révèle à tous les verdicts des poètes
Qu’ils jugent mes pitoyables divagations.
Que je livre spontanément comme une traite
Avec cette toute dernière abdication.

Demain, peut-être, une belle butineuse
Viendra me redonner l’envie d’écrire encor.
Je chercherais les appréciations élogieuses
Qui reviendront faire revivre mon vieux corps.

Daniel Lefebvre
25.12.2021

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