De plus en trop loin.
Ballade contemporaine - (forme fixe).
Hier elle a senti sa fougueuse impatience Battre une volonté prête à bondir hors d'elle. Depuis longtemps déjà il frappait sans violence Aux remparts utérins de cette citadelle, Martelant chaque jour l'évasion naturelle. Lorsqu'il s'est échappé du saigneux édredon, Une angoisse a perlé au bord d'une question. Elle armera sa vie pour bâtir son destin En repoussant l'instant de la séparation. Mais Laura sait qu'un jour, il quittera le sein.
Aujourd'hui décidé, le cœur plein de vaillance Il s'est dressé, vainqueur et d'une envie rebelle Il a fixé ses yeux vers son indépendance. Après avoir lâché l'étreinte maternelle, L'enfant s'est élancé d'une allure infidèle. Il a déjà franchi le seuil de l'ambition, Pourtant il reviendra au bras de la question. Elle a encor le temps d'écrire un long refrain En gommant des couplets, l'adieu de leur chanson. Mais Laura sait qu'un jour, il quittera le sein.
Demain il baisera la joue de son enfance Et s'en ira trop loin, riant à tire-d'aile. Elle essuiera les pleurs de ses yeux vert-souffrance En le voyant partir au bras d'une autre belle Et saura l'accepter, du moins le croira-t-elle. Pourtant, des nuits encor à veiller son garçon Avec autant de jours pour vivre sa question. Alors suivant l'envol de son pas incertain Elle attend le retour de son exploration. Mais Laura sait qu'un jour, il quittera le sein.
Prince de l'inconnu, il marche à reculons Et cherche à rassurer ce cœur plein d'émotion En criant aux éclats : j'ai besoin de ta main ! La vie les tient encor au creux de leur union. Mais Laura sait qu'un jour, il quittera le sein.
- Arteaga. |
Recueil : "AUJOURD'HUI... comme hier".
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« La vie n'est supportable que si l'on y introduit non pas de l'utopie mais de la poésie (Edgar Morin) »
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