Jusqu'à ces instants de nouvelle reconnaissance saisonnière,
Je ne voyais le berceau moussu des "souffles" du monde
Qu'au travers d'interminables tapisseries verdoyantes,
Fragilement surpiquées de broderies soyeuses et colorées.
Mais en ce jour confessé,
J'ai laissé tourbillonner mon regard jusqu'à mes pieds.
Telle une feuille d'automne réveillée par le vent,
Vigoureusement désenchaînée de sa réalité possessive
Pour s'étendre sur une vérité ignorée.
Et là ,
Sous le couvert discret des éclats de verdure,
Une multitude de vieux bulbes calleux
Façonnaient le socle impérieux de la flore consacrée.
C'est alors que je me suis enfin rendu compte,
Que sous mes yeux longtemps aveuglés,
Le sol bourgeonnait lui aussi.
Agenouillés humblement dans leur ombre prédestinée,
Les cailloux oubliés étoilaient en silence,
Cette terre qui ouvrait le cœur de ses entrailles
Pour engendrer tant et tant d'autres enfants minéraux.
Prêt à me laisser emporter dans ce monde robuste,
J'ai reposé cette première pierre reconnue
Dans le nid creusé par l'un de mes pas.
J'ai voulu figer au début de ma route,
Cette première sentinelle inaltérable
Pour veiller sur ma première transhumance caillouteuse.
- Arteaga