Il vient d'arriver dans notre monde.
Celui appartenant à seulement "quelques-uns",
Sans avoir réclamé la couleur de sa peau,
Ni les besoins de sa vie.
Pas plus que les espoirs de son cœur
Et pas même l'endroit de ses revers,
Où un hasard maternel l'a pourtant déposé.

Il va pouvoir gagner quelques années de plus,
Peut-être.
Mais pour l'instant,
Il s'appelle « AUJOURD'HUI »,
Né quelque part le 01/01/2150.

C'est son numéro de loterie.
Ce trop fameux numéro attribué par un destin volatile.
Ce sont ses deux zéro pointé,
En marge d'une vie contrainte à l'examen post-natal.
C'est son matricule à tatouer sur son front,
Pour marquer une origine soumise au gré des tolérances.

Ce sont des signes mathématiques et indélébiles,
Décalqués sur des psaumes ou des versets
Imprimés par des croyances sélectives.

Il vivra sans doute un long moment,
Si un dieu veut bien l'accepter dans sa miséricorde
Et si les hommes entérinent la décision.

Le progrès avance inlassablement.
Mais à chacun de ses pas en avant,
Les compréhensions humaines se traînent à rebours
Et l'esprit suit au rythme du recul de l'âme intéressée.

L'homme, incomplet à perpétuité,
Veut se réincarner sans cesse
Pour se finir dans ses raisons immatures.

Jour avant jour,
L'homme d'aujourd'hui
Se recopie inlassablement sur les décisions d'antan
Et l'homme de demain,
Enivré par l'homme du présent,
Se grisera aussi de l'atmosphère viciée,
Exhalée par ces temps périmés
Conservés sans raison.

Cet homme, de bien après celui d'aujourd'hui,
S'embaumera au cœur de ces références momifiées.
Mais hors de ces lois "Originelles",
Qui donnaient malgré tout le droit à ses grands ancêtres,
De gagner leur chasse-pain quotidien
A la sueur d'une raison naturelle…

... et ce nouveau-né venu vivre sans le vouloir,
Devra lui aussi rechercher ce droit inné,
D'avoir le droit de se nourrir de ses propres mains.

Mais il ne retrouvera pas ce droit,
Depuis hier interdits par les droits d'aujourd'hui.
Il ne se retrouvera pas même en ses vouloirs,
En ces époques refabriquées sans inspiration nouvelle
Et où l'on peut encore mourir sans presque ne gêner personne.

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