- Page 10 -
… QUAND L'ÉCHO DES VOIX BLANCHES DOIT ÉTEINDRE SES COLÈRES !
----------
... chacun leur tour,
Ils m'ont raconté leur inviolable destinée.Lorsqu'ils se sont tus,
J'ai médité sur chaque parole d'enfant,
Le cœur déjà trempé de leurs chagrins innocents
Et du fond de mes regrets devenus inaccessibles,
J'ai malgré tout ressenti chacune de leurs larmes étouffées
Dégouliner le long de mes excuses agonisantes.
J'aurai pourtant voulu me nourrir
Au jardin même de leurs questions affamées.
Mais je n'avais plus de vide libre en moi
Et je n'ai pu régurgiter toutes ces réponses amères
Qui s'étaient bloquées au fond de ma gorge encombrée.
Alors … leurs interpellations volatiles
Se sont évaporées dans l'air du temps.
Alors … j'ai ravalé mon impuissance
Jusqu'à m'en étouffer de colère épuisée.
Sans broncher.
Tant ces réalités post-modernes d'avant et à jamais
Trop résolument figées en un instant perpétuel,
Se suivent et se ressemblent pour toujours
Dans la vérité du quotidien futur.
Je savais et je ne pouvais rien !
Pourtant, les notes de leurs brûlures silencieuses
S'accordaient avec l'inquisition de mes regards encore insoumis.
Bien qu'égarés sous les rictus d'une incompréhension universelle
Et dans le halo de mon esprit embrumé,
Mon amertume se confondait dans leur détresse caverneuse,
Assourdie dans l'écho pétrifié de leur avenir inamovible.
J'ai laissé mes yeux ne pas vouloir s'entrouvrir.
Un moment, un très long moment.
Pour m'imprégner de mes images personnelles.
Juste pour les comparer avec leurs graffiti,
Qui résumaient avec une rigueur désolante
Leurs interminables récits d'enfants sacrifiés.
Puis je me suis levé.
Lentement, très lentement.
Pour déplier ma carcasse d'adulte inutile.
L'esprit alourdi par l'incompétence
Et le cœur affaissé
Sous le poids de ces certitudes inébranlables.
Toujours sans rien dire,
Je les ai regardés partir.
Avec enserré sous un de leurs bras tremblant,
Un avenir rétractile
Et sous l'autre,
Un noir destin cousu de fil blanc.
Alors,
Les poings serrés à mort
Sur mes pauvres délires compensateurs,
Je suis allé me perdre de l'autre côté de la raison.
Les yeux brûlés par des larmes fielleuses.
Pour ne plus voir,
Pour ne plus croire à mes croyances d'antan.
- Arteaga.