Les ailes de l’amour perdu.
Je m'appelle Johan Et j'ai déjà l'âge de mourir de chagrin, Celui de ne plus vivre d'amour Et de demander : — Pourquoi moi ?
Elle est partie Et il est seul.
Il est seul, Elle est partie Et je suis perdu.
Sa femme est allée rejoindre Les tempêtes de ses nuits Devenues indomptables, Devenues solitaires, Sans plus personne à aimer, Sans moi.
Ma mère est allée plus loin. Au-delà de moi, Au-delà de mon père, Qui ne voit pas en moi Les chagrins de ma mère Qui s'en est allée, Plus loin, Sans nous.
Ma mère est sortie de nous. Mes huit années n'ont pas suffi A l'accrocher à mon amour pour elle. A mon bonheur d'être le présent De son amour pour lui.
Ma mère est partie, Sans rien nous demander.
Moi, je saurais bien demander la lune. Mais pas ce coin de ciel bleu-acier Qui emprisonne son âme Devenue trop insaisissable Et qui s'estompe peu à peu De mes rêves gourmands d'elle.
| Des rêves qui disparaissent Sans que j'arrive à les figer, Sans que je puisse les semer Dans un lopin de lune à décrocher. Ma mère est partie. Avec des anges d'un là -haut Qui interdisent toute visite De ces vivants trop vivants. En cet endroit bien trop haut Et dans lequel ils n'ont pas de droits. Elle s'en est allée. Avec des anges que je n'aime pas, Qui ne me reconnaissent pas, Qui ne sauront pas l'aimer comme je l'aime. Comme lui il l'aime, Comme j'aime mon père, Comme il n'arrive plus à m'aimer. Aujourd'hui, Mon destin commence à se bétonner Et je vais devoir vivre sans elle. Habiter hors de lui Dans cette maison vidée d'amour, Dans laquelle je perds la trace De mes souvenirs entourés d'eux. Elle est partie Et il est seul Et je vais continuer à l'aimer. En silence, Comme ma mère Qui nous aime sans rien dire. Mais il ne saura pas, Parce qu'il ne m'entend plus.
- Arteaga. |
Recueil : "AU GRÉ DES MUSES".
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« La vie n'est supportable que si l'on y introduit non pas de l'utopie mais de la poésie (Edgar Morin) »
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