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     LA VIEILLESSE "DÉSENFANTÉE".
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Expéditeur Conversation
Arteaga
Envoyé le :  22/4/2022 9:49
Plume de platine
Inscrit le: 26/6/2008
De: 43° 50' 16" nord et 4° 21' 39" est
LA VIEILLESSE "DÉSENFANTÉE".

... partir un jour, oublié par un présent méthodique.
S'exiler au bras d'un souvenir traîné dans un silence envahissant,
Le cœur alourdi d'espoirs cachés sous des tendresses en haillons
Et qui s'égarent avec pudeur dans les recoins poussiéreux
D'une fin de vie fabriquée par des avenirs étrangers.



L'échine courbée sous leurs supplications aphones
Et affaiblies par la peur de se battre pour être aimées,
Deux lassitudes envieillies par les ans et l'oubli
Frissonnent sur le seuil d'un ailleurs étranger.

Nés poussière, ils vont retourner poussière,
Balayés par ceux qui leur doivent encore la vie
Et dans le crachin barbelé de cet hospice du non-retour,
Les grilles librement ouvertes sur l'abandon légalisé
Vont filtrer les derniers sursauts instinctifs
De ces deux autres vieux inutiles.

Déjà
Et sans leur demander pardon,
Un pont-levis impeccablement huilé par les habitudes,
Se referme sournoisement sans grincer
Pour les fondre dans un huis clos caustique et sans scrupules.

Aucune ride ne s'est soulevée pour les accueillir,
Pas une épaule ne s'est affaissée pour les plaindre.
En cet endroit froissé par le temps d'un autre temps,
Chaque entrée murmurée à perpétuité
Et chaque délivrance plombée par la mort,
N'est pas même saluée par les autres regards vaincus.

Toutes les vieillesses abandonnées leur tournent le dos,
Les doigts figés en forme de croix,
Pour conjurer dans cette ultime vaillance conformiste
Le sort qui les attend au rebut des solitudes éternelles.

Les deux nouveaux vieux n'ont plus rien à offrir.
De leurs jours, ils ont donné la vie
Jusqu'au bout de leurs espoirs.
De leur vie, ils ont donné l'amour
Jusqu'au bout de leurs forces.
De leur amour, ils ont tout donné
Jusqu'au bout de leur devoir.

A présent,
Ils n'ont même plus leur vie entre les mains
Et ne savent pas comment ne pas mourir,
Sans coaguler l'hypothétique regret des insouciances filiales
Qui peut-être saigne dans une ingratitude inavouée.

Pourtant,
Précipités dans les conditions d'un courant d'air intolérant
Propagé par des soupirs d'impatience familiale,
Les deux vieilleries vont bientôt s'enrhumer à jamais
Et tout au long de ces journées branlantes
Décimées par le tranchant des secondes séculaires,
Ils éternueront de temps à autre pour se croire encore vivants.

La médecine du cœur n'a fait aucun progrès
Et leur sourire se déformera en n'attendant plus rien
Et leurs pas chevroteront d'espérance agonisante
Et ils se liquéfieront dans les rigoles des couloirs inhospitaliers.

Trois ou quatre fois par jour,
On prendra de leurs nouvelles,
Comme on prend la température,
Comme on prend le pouls d'un mourant
Et la nuit, on leur prêtera un bonsoir truqué
Pour les jouer de l'espoir d'un lendemain possible.

On ne leur dira rien d'autre.
Alors, sans vraiment savoir où pleurer,
Ils iront et reviendront sans cesse,
S'excusant devant chaque porte en uniforme
A peine entrebâillée par leur souffle insignifiant,
Pour mendier une lettre mal espérée
Ou les restes d'un passé qu'on leur a aussi volé.

Ils ne pouvaient plus s'appartenir
Et les séquelles de leur avenir tremblotant
Ne savait plus les garder chez eux.
Car le présent qui passe sans s'attendrir
En filant beaucoup trop loin de leurs facultés,
S'oublie très vite et n'a vraiment plus le temps
De les accompagner dans ses devoirs falsifiés.

Même la multiplication de leur chair,
Ne voulait surtout pas pouvoir les conserver
Dans un cocon de souvenirs trop malcommodes
Et pouvait même ne pas pouvoir les recueillir
Dans de désuètes obligations naturelles
Aujourd'hui bien trop dépassées.

Plus personne ne viendra leur poser de vraies questions.
Ils n'ont plus l'âge d'être utilisés
Et les minutes squelettiques rythment déjà le rebours des adieux,
En trottant dans leur tête saccadée par des tics effrayés.

Ils sont trop âgés de quelques enfants oublieux
Et presque trop morts de tant d'années de bienveillance.
Ils sont juste assez vivants pour vendre leurs derniers instants,
A ce mouroir débordant de fruits pressés jusqu'à la lie
Et desséchés par un soleil manufacturé.

Conduits froidement par des volontés gavées d'excuses
Au bout de cet avant-dernier départ trop loin de leur maison,
Ils vont s'imprimer dans une page écrite hors de leur volonté
Et dans quelques "tout à l'heure" insignifiants,
Par un beau dernier matin gravé sur un marbre glacé,
Le parchemin de leur âme sera griffonné par des mains fébriles
Enfin soulagées d'un trop-plein de larmes éphémères.



- Arteaga.



Recueil : "DÉPARTS".



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« La vie n'est supportable que si l'on y introduit non pas de l'utopie mais de la poésie (Edgar Morin) »
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Sphyria
Envoyé le :  22/4/2022 9:54
Plume de diamant
Inscrit le: 25/4/2021
De: France
Re: LA VIEILLESSE "DÉSENFANTÉE".
Une peinture poétique très douloureuse du triste vécu des personnes âgées abandonnées dans ce que tu nommes le "mouroir" !
islander
Envoyé le :  22/4/2022 9:59
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 11/4/2009
De: Baltimore, Bretagne
Re: LA VIEILLESSE "DÉSENFANTÉE".
poignant et le mot est faible, tout semble si inéluctable dans la fin, un poème guère rassurant pour personne, le courage de l'écrire, on voudrait tant se rebeller ,




yann


dolores
Envoyé le :  22/4/2022 10:04
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 24/8/2009
De: france : 06 Alpes-Maritimes
Re: LA VIEILLESSE "DÉSENFANTÉE".
Bonjour Artéaga,

Un état des lieux qui fait frémir mais cependant tu as en partie raison ce sont les oubliés de la société dans ces HEPAD
Ces aînés vont aller jusqu'au bout de leur vie sans que peu de personnes prennent soins d'eux ou leur parle pourtant ils entendent même
s'ils paraissent absent par moment ...Et demain se sera nous et les enfants qui eux aussi vieillissent, mais on n'en a pas conscience
tant que l'on est bien.

Merci du partage cher ami bonne journée bonne fin de semaine


----------------

ZAGHBENIFE
Envoyé le :  22/4/2022 11:14
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 7/11/2015
De: ALGER
Re: LA VIEILLESSE "DÉSENFANTÉE".
Tombelanuit
Envoyé le :  22/4/2022 22:31
Plume de platine
Inscrit le: 9/12/2021
De:
Re: LA VIEILLESSE "DÉSENFANTÉE".
Bonsoir Arteaga,

Beaucoup d'émotions dans les détails de chacune de ces vérités qui font froid dans le dos et qui sont pourtant tellement réelles.
Chaque phrase est un chemin de croix, une porte ouverte sur la fin, un rayon de lumière qui s'éteint, une ombre de rien, un rejet comme une honte que l'on voudrait cacher aux autres.
Des bébés choyés, des enfants cajolés, des ado aimés des jeunes désirés et des vieux oubliés et cachés.
Merci pour ce partage qui touche beaucoup et qui nous ramène sur les dures routes de la réalité.
Amitiés Arteaga


----------------

terry
Envoyé le :  22/4/2022 23:36
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 15/12/2018
De:
Re: LA VIEILLESSE "DÉSENFANTÉE".
déclaration émouvante
sur' ces personnes qui selon dit ( retournent en enfance )
alors qu'ils méritent (Dignité et Respect )
laissés et abandonnés , tristes sur un devant d'une porte qui ne s'ouvre pas sur ( un Sourire )
beaucoup d'amour caché et gâché, dans ce poème si réaliste !
merci Poète !
Terry
Arteaga
Envoyé le :  23/4/2022 9:15
Plume de platine
Inscrit le: 26/6/2008
De: 43° 50' 16" nord et 4° 21' 39" est
Re: LA VIEILLESSE "DÉSENFANTÉE".
---------------------------
Re: aux commentaires.




« A quoi cela sert-il de n'écrire que pour soi ? Sans bénéficier d'un commentaire ?
Qu'il soit bon ou désagréable, il permet d'avancer… et d'exister ! (Arteaga) »

 

Alors,
- Sphyria - Islander - Dolores - ZAGHBENIFE
Tombelanuit - terry -

merci pour votre attention.







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« La vie n'est supportable que si l'on y introduit non pas de l'utopie mais de la poésie (Edgar Morin) »
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bElhirch
Envoyé le :  23/4/2022 22:35
Plume de platine
Inscrit le: 9/5/2017
De:
Re: LA VIEILLESSE "DÉSENFANTÉE".
bonsoir Arteaga

On ne doute pas de la réalité de ce fait. Ce qui ramanche la situation ne se trouve pas sous le pas d’un cheval. L’histoire serait gnangnan si on continuait a chercher comment et pourquoi cela arrivait. J’ai aimé comment vous avez poétisé l’heureuse ambigüité de ce cas.

amitiés

marinolia
Envoyé le :  23/4/2022 23:25
Plume d'or
Inscrit le: 18/8/2010
De:
Re: LA VIEILLESSE "DÉSENFANTÉE".
la vieillesse ! traitée si durement mais quelle clairvoyance..ILparaît qu'on ( l'état !!) s'occupe de nos anciens dont on fera partie et on se demande qu'en sera t il demain? Comment seront traités les vieux c'est à dire nous..Peut on faire confiance aux gouvernements successifs?? Et nos petits enfants quelle vie vont-ils connaître?? Que seront les rapports PARENTS/ENFANTS.. on entend dire il n'y a plus de famille,on escroque les gens qui ont travaillé toute leur vie pour une retraite de misère ; l 'avenir paraît bien sombre; nous avons " mangé notre pain blanc" on ne souhaite pas que nos descendants chéris vivent plus mal que nous..


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je réalise des exposés sur auteurs contemporains,et célèbres

Sybilla
Envoyé le :  23/4/2022 23:49
Modératrice
Inscrit le: 27/5/2014
De:
Re: LA VIEILLESSE "DÉSENFANTÉE".
Bonsoir Arteaga,

Malgré que le contenu de ton texte soit long, je l'ai lu dans la journée !
C'est extrêmement émouvant!
Beaucoup de personnes âgées doivent vivre de tels moments douloureux !



Belle soirée cher ami poète!
Toutes mes amitiés
Sybilla


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Presque toutes mes poésies ont été publiées en France et ailleurs avec les dates ""réelles"" de parution.

Le rêve est le poumon de ma vie (Citation de Sybilla)

EvilFranck
Envoyé le :  24/4/2022 18:00
Plume de diamant
Inscrit le: 8/7/2013
De: Pandore
Re: LA VIEILLESSE "DÉSENFANTÉE".
Bonjour Arteaga, fort poignant poème

Amicalement


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La poésie, c'est comme la cuisine, le mot faitout

00063312-1

Arteaga
Envoyé le :  26/4/2022 8:00
Plume de platine
Inscrit le: 26/6/2008
De: 43° 50' 16" nord et 4° 21' 39" est
Re: LA VIEILLESSE "DÉSENFANTÉE".
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Re: aux commentaires.



Sans oublier,
- bElhirch - marinolia - Sybilla
Jugurtha - EvilFranck -

un grand merci pour leur attention.





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