AVOIR LA DENT LONGUE...
On voit souvent notre âge en découvrant nos dents ;
Et certains, inspirés, jouant la métaphore,
Diront qu’on a atteint l’âge "d’or", impudents !
Un compliment mordant, pas toujours qu’on adore.
C’est la comparaison dont bien sûr on se passe,
Qui crispe les lèvres et fait serrer les dents.
Sans trop mâcher nos mots, disons-leur perspicace
Que leurs traits valent moins que quelques cure-dents.
Ĺ’il pour Ĺ“il, dent pour dent ; ce proverbe biblique
Incite à rétorquer, croquer à belles dents,
L’effronté nous raillant, façon anecdotique,
Et qui le doigt dans l’œil va s’y casser les dents.
Pour se faire plomber, il a choisi cédant
À la facilité du rapport équivoque,
La boutade qu’il croit, pour se faire la dent,
Guettant nos réactions, sachant bien qu’il se moque.
Alors faisons semblant de lui montrer les dents,
Sans lui garder la dent, plaidant pour notre cause ;
Presque du bout de dents, en y mettant des gants,
Renversons le propos comme il tient Ă la chose.
Voyant la répartie, sachant qu’on l’a à l’œil
Comme ça saute aux yeux, sa dent sera moins dure.
Et sans claquer des dents au froid de son orgueil,
Préférera garder pour lui juste mesure.
Retournant maintes fois sa langue dans la bouche,
Veillant Ă comprimer ainsi ses mots dedans.
Il y retrouvera une dent de sagesse,
Et nous notre couronne, en Ă©tant sur nos dents.
ANDRÉ
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Citation :
La poésie se nourrit aux sources de la prose et s'embellit au concerto des mots. (André LAUGIER)