Quel doux plaisir de bon matin
D'aller faire un tour au jardin
Et d'admirer son beau tableau
De sillons tracés au cordeau.
Quel doux plaisir... en théorie...
Chez moi, c'est un autre acabit !
Ce que je vois de bon matin
N'est pas un jardin, c'est Verdun !!!
Des trous partout, un vrai ravage,
Faits par un animal sauvage :
Mon chat qui, depuis des années,
A muté façon «rat taupier» !
Maudit matou, je te préviens,
Si tu continues, c'est certain,
Tu vas sentir bon la roquette !
Allez... viens manger tes croquettes !
Oublié le bac à litière !
Cet énergumène préfère
Transformer les rangs de carottes
En terrain miné par ses crottes.
Il y fait des excavations
Plus grosses que des potirons
Où les choux de choix déchus choient,
Des choux déçus du choix du chat.
Après que croyez-vous qu'il fasse ?
Soulagé, l'affreux se prélasse,
Le nez au vent, sous le soleil,
Étalé sur les plants d'oseille.
Maudit matou, je te le jure,
Si tu continues, sois en sûr,
Tu vas sentir la ratatouille !
Allez... viens chercher tes papouilles !
J'en ai des milliers à te faire,
Comme promis à la Grand-mère
Dont les mots chargés de tendresse
Disaient de toi avec sagesse :
«On t'a pas sauvé bitume
Pour que tu chies dans nos légumes,
Mais si t'es heureux, après tout,
On en mang'ra moins, pis c'est tout !»
Belle leçon de tolérance.
D'ailleurs à ce sujet je pense
Qu'en mots dits, matou, c'est sincère,
Mieux vaut laisser les mamies faire.
Allez... viens là mon gros pépère !
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